La livèche : même goût que le céleri, mais beaucoup plus facile à réussir

J’adore le céleri ! Si vous avez le pouce vert, les bonnes conditions et pas mal de temps à consacrer à vos cultures, je vous encourage à relever ce défi de la culture du céleri. Pour les autres, il y a une alternative vivace et beaucoup plus facile : la livèche (Levisticum officinale). On l’appelle aussi céleri perpétuel, ache des montagnes ou plante maggi (oui, maggi comme le concentré).

Bien sûr, ici ce sont les feuilles et non le pétiole (la tige) qui ont un goût de céleri. Le goût rappelle fortement le céleri, mais il est plus intense et il a aussi quelques arômes de persil.

Les avantages de la livèche

Livèche par 4028mdk09

La livèche est une plante vivace et rustique. Une fois installée, elle ne vous demande pratiquement aucun soin et est très prolifique. Un seul plant mature peut fournir toute une famille. De plus, il est facile de congeler ou sécher les feuilles pour profiter du goût et des nutriments toute l’année.

C’est un ancien légume, dont la culture était recommandée au temps de Charlemagne. Aujourd’hui, la livèche est un peu oubliée, trop souvent absente de nos jardins et même du marché. Heureusement, il y a toujours de grands chefs pour la remettre au goût du jour. Essayez cette recette de Richard Bastien : Panaché de tomates, crevettes nordiques, purée de livèche et noix de pin !

Par sa taille, son feuillage et ses grosses inflorescences jaunes, elle a certainement un attrait ornemental. Vous pouvez l’ajouter à vos plates-bandes pour leur donner du relief.

C’est une plante idéale pour la plate-bande à la fois décorative et gourmande. On peut également la mettre au potager. Comme c’est une vivace, les jardiniers laboureurs vont cependant préférer la placer en bordure des planches du potager. Enfin, parce que la volumineuse plante ne requiert aucun effort, elle est tout à fait compatible avec la forêt nourricière.

Ne pas confondre avec la ciguë ou l’angélique

La livèche, la ciguë et l’angélique sont toutes les 3 de grandes plantes de la famille des apiacées. Elles dépassent 1 m et ont des inflorescences qui rappellent un feu d’artifice (multiples ombelles qui forment elles-mêmes une grande ombelle).

La ciguë est un puissant poison qui ne devrait pas pousser au jardin ! On l’identifie par sa floraison blanche et ses feuilles très découpées semblables à celles de la carotte, mais avec une teinte bleutée. De son côté, la floraison de la livèche est jaune et ses feuilles ressemblent à s’y méprendre à celles du céleri, avec une teinte verte tirant plutôt sur le jaune que sur le bleu.

L’angélique a toutefois toute sa place au jardin, dans les plates-bandes ou le jardin de simples. Celle-ci a une floraison verte qui peut devenir blanc crème lors de la production des fruits (graines). L’angélique est plus utile comme condiment, plante médicinale et en confiserie, mais comme la livèche, elle est entièrement non toxique. Par contre, l’angélique est trop parfumée pour être agréable à manger en crudité.

Culture de la livèche

Une fois installée, la livèche ne demande qu’un peu de paillis et de rares arrosages en temps de sécheresse. Il est possible de la rabattre à l’automne, mais ce n’est pas nécessaire.

La livèche apprécie le soleil (mais pas la grosse chaleur) et s’accommode très bien de la mi-ombre. Elle préfère un sol neutre ou légèrement acide. Finalement, on dit la plante gourmande et elle apprécie le compost, sans toutefois l’exiger.

Chez moi, elle se plaît très bien malgré un sol légèrement basique et aucun ajout de compost. Cependant, je lui donne un généreux paillis qui prévient la sécheresse et se décompose éventuellement pour nourrir la livèche.

Reproduction de la livèche

Les semis ne se conservent pas longtemps. Mieux vaut les commencer au moment de la récolte des graines, mais il est aussi possible de les démarrer au printemps. Vous aurez simplement un plus faible taux de germination. Comme le taux de germination n’est pas toujours très grand, on recommande de les semer en poquets (à raison de 3 ou 4 graines par trou). Mais il existe une autre option : comme les plants établis deviennent volumineux, les propriétaires de livèche s’opposent rarement à diviser leur plant pour le rajeunir et par la même occasion le partager avec vous. Le printemps est le meilleur moment pour diviser la livèche. N’oubliez pas que la division d’un plant endommage toujours un peu le système racinaire. Ainsi, le plant récemment divisé est plus sensible à la sécheresse, le temps de récupérer de l’opération.

Le compagnonnage

Comme la plupart des plantes aromatiques, la livèche attire les papillons et les abeilles tout en faisant fuir bon nombre d’insectes nuisibles, ou du moins, comme mentionné plus haut, en nuisant à leur capacité de retrouver leurs plantes favorites (surtout si vous évitez de grouper ces dernières).

Cela dit, la livèche prend beaucoup de place, peut créer de l’ombre et peut entrer en compétition pour l’eau et les nutriments.

Néanmoins, les betteraves, les fèves, les haricots, les oignons, les poivrons, la pomme de terre profitent de son voisinage. On évite de la placer avec les plantes de sa famille des apiacées (carotte, céleri, angélique) ainsi qu’avec les astéracées (endive, chicorée, laitue).

Cuisiner la livèche

Les feuilles de la livèche se mangent fraîches ou cuites. On les utilise dans les potages, les bouillons, les salades, les pains. Elles font un savoureux pesto. Pour les plats cuits, on ajoute la livèche dans les dernières 10 à 15 minutes de cuisson, car trop de chaleur volatilise les arômes et détruit plusieurs de ses nutriments.

Les graines sont généralement séchées, puis moulues. On les utilise comme condiment.

La livèche accompagne très bien la viande, la volaille, les poissons, les oeufs et les légumes… et remplace avantageusement le céleri dans le Clamato… Pour une touche de fantaisie, on peut utiliser le pétiole creux des feuilles comme paille dans un Bloody Caesar.

On peut remplacer le céleri par la livèche dans pratiquement tous les plats cuisinés. Il faut toutefois garder en tête que le goût de la livèche est plus prononcé. Il est donc avisé de réduire la portion de 25 %.

Visitez la section Utilisations de la fiche plante de la livèche pour voir toutes les meilleures recettes à base de livèche.

Les vertus et usages médicinaux de la livèche #ref:6##ref:9##ref:41##ref:55##ref:58##ref:108##ref:140#

Comme presque toutes les plantes aromatiques, la livèche est aussi médicinale.

La livèche est surtout utile au niveau digestif. Elle peut aider à mettre en appétit, à faire passer un repas trop lourd ou à évacuer les ballonnements.

La livèche a aussi son rôle à jouer pour les légères infections pulmonaires. C’est une plante expectorante, possiblement un peu mucolytique et antiseptique… Je ne baserais pas mon rétablissement sur cette plante, mais il ne fait aucun doute qu’elle sera appréciée dans le bouillon du convalescent.

On utilise les parties aériennes, principalement les feuilles et les graines.

Plus rarement, on voit l’usage de la racine. Je me réjouis de savoir la racine de la livèche de plus en plus étudiée contre la dégénérescence du système nerveux et la reproduction des cellules cancéreuses#ref:6#.

Transformation et conservation

La meilleure façon de conserver tout le goût de la livèche est de la congeler ou de la faire sécher.

On peut la couper finement, la mélanger au beurre et la congeler dans un moule à glaçons pour de futurs usages comme beurre aromatisé. Bien sûr, cette recette de base peut-être complexifiée en de petits bijoux, comme avec cette recette de Radio-Canada : Beurre de livèche au citron vert. Ces beurres peuvent par la suite être utilisés dans un plat de pâtes ou sur une pièce de viande ou de poisson.

Restrictions… pour prendre soin de vous

Photosensibilité : la majorité des apiacées contiennent pas mal de furocoumarines dans leurs feuilles. Selon les sensibilités, le contact physique ou encore la prise (à dose thérapeutique) de la plante peuvent créer une photosensibilité, l’hyper pigmentation et une dermatite aiguë (dans les cas extrêmes, ce que je n’ai jamais vu, on peut y réagir comme à de l’herbe à puce). Nous n’avons pas tous la même sensibilité. Personnellement, je ne réagis pas au contact de la livèche. Mais mieux vaut prévenir : si vous planifiez manipuler votre plant par un jour ensoleillé, je vous recommande de mettre des gants, et d’utiliser la crème solaire si vous en consommez beaucoup.

Enfin, les personnes qui souffrent de maladie hémorragique, d’insuffisance rénale ou d’inflammation urinaire ne devraient pas la consommer en dose thérapeutique.

Elle pourrait fluidifier le sang et amplifier l’effet des plantes à coumarines telles que l’ail et le saule, mais à moins d’avoir une condition particulière, cette mise en garde est superflue.

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foto titre: R. A. Nonenmacher et cultivar413

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