Cholagogue, cholérétique et amphocholérétique: les propriétés qui stimulent et régulent le flux biliaire.
La plante cholagogue stimule l’évacuation de la bile en contractant la vésicule, tandis que la plante cholérétique stimule la production de la bile par le foie. Quant à la plante amphocholérétique, elle module le flux biliaire, l’augmentant ou le réduisant selon le besoin.
Une plante cholagogue ou cholérétique augmente donc le flux de bile dans l’intestin grêle; cet article vise à présenter les plantes possédant ces propriétés et à expliquer dans quelles situations elles sont utiles, et comment les utiliser.
À quoi sert la bile?
La bile est sécrétée par le foie. Une fois produite, une partie de la bile sera stockée et concentrée par la vésicule et le reste s’écoulera directement dans l’intestin grêle. La vésicule, en contractant ses muscles lisses, alimente également l’intestin grêle en bile. La bile a plusieurs fonctions:
Les propriétés cholérétique, cholagogue ou amphocholérétique seront donc utiles notamment pour les problématiques suivantes: le manque d’appétit, la dyspepsie (digestion lente), la constipation, les flatulences, les ballonnements et même certaines migraines.
La propriété cholérétique aurait pu être incluse dans l’article sur la propriété hépatique, en raison de son impact sur le le foie, mais j’ai préféré le réunir avec la propriété cholagogue puisque le résultat demeure l’émission de bile pour contribuer à évacuer les déchets (et ainsi faciliter la digestion), notamment les substances toxiques, les médicaments, l’alcool et les graisses.
Saviez-vous?
Le « Ch » que l’on retrouve dans cholagogue, cholérétique et amphocholérétique se prononce avec un C dur comme dans choléra.
Tout ces mots qui contiennent « Chol… » viennent de la racine grecque « Khole » qui veut dire bile, et qui a donné « choléra » (qui veut dire « colère » en latin).
Aujourd’hui dans la langue parlée on retrouve d’ailleurs plusieurs locutions qui réfèrent à la bile, soit dans le sens de colère: « échauffer la bile à quelqu’un« , « décharger sa bile » ou d’inquiétude: « se faire de la bile« . Et que dire de cette citation lyrique de Dumas?
Rien ne pourra donc calmer au fond de ton cœur cette bile amère qui fait tourner en fiel tout ce qu’on y verse!
Alexandre Dumas, le Corricolo
Plantes cholagogues et cholérétiques
Plante – nom latin | Cholagogue | Cholérétique |
Radis noir – Raphanus sativus var niger (Mill.) J.Kern. #ref:9##ref:20# #ref:24# #ref:28##ref:66# #ref:67# #ref:68# | ⭐⭐⭐ | ⭐⭐⭐ |
Romarin – Rosemarinus officinalis L., Salvia rosmarinus #ref:9##ref:20##ref:24##ref:25##ref:28##ref:66##ref:67##ref:68# | ⭐⭐⭐ | ⭐⭐⭐ |
Artichaut – Cynara cardunculus var. scolymus (L.) Benth. #ref:9##ref:20##ref:24##ref:28##ref:66##ref:25##ref:67##ref:68# | ⭐⭐⭐ | ⭐⭐⭐ |
Chicorée – Cichorium intybus L. #ref:9##ref:20##ref:24##ref:25##ref:28##ref:66##ref:67# | ⭐⭐ | ⭐⭐ |
Pissenlit – Taraxatum officinal F.H. Wigg. aggr. #ref:9##ref:20##ref:24##ref:25##ref:28##ref:68# | ⭐⭐ | ⭐⭐ |
Achillée millefeuille – Achillea millefolium L. #ref:9##ref:20##ref:24##ref:28##ref:67# | ⭐⭐ | |
Marrube blanc – Marrubium vulgare L. #ref:9##ref:20##ref:24##ref:67##ref:68# | ⭐⭐ | ⭐⭐ |
Menthes – Mentha spp. (incl. Menthe poivrée – Mentha × piperita L. & menthe à épis – Mentha spicata L. ) #ref:20##ref:24##ref:28##ref:66# | ⭐⭐ | ⭐⭐ |
Sauge – Salvia officinalis L. #ref:20##ref:24##ref:67##ref:68# | ⭐⭐ | ⭐⭐ |
Armoise commune – Artemisia vulgaris L. #ref:20##ref:23##ref:24# | ⭐ | ⭐⭐ |
Calendule – Calendula officinalis L. #ref:20##ref:24##ref:28# | ⭐⭐ | ⭐⭐ |
Chardon Marie – Silybum marianum (L.) Gaertn. #ref:20##ref:24##ref:68# | ⭐⭐ | ⭐⭐ |
Curcuma – Curcuma longa L. #ref:20##ref:24# #ref:25# | ⭐⭐ | ⭐⭐ |
Gentiane jaune – Gentiana lutea L. #ref:14##ref:20##ref:67# | ⭐⭐ | |
Mélisse – Melissa officinalis L. #ref:20##ref:25##ref:67# | ⭐⭐ | |
Tilleul – Tilia cordata Mill. #ref:20##ref:24##ref:67# | ⭐⭐ |
Il est assez rare de retrouver des références pour la propriété amphocholérétique. L’artichaut aurait cette propriété, comme il est également hypocholestérolémiant, hypotriglycéridémiant et diurétique. Il est surnommé nux vomica de la phytothérapie. #ref:25#
Pour votre bien …
Allez lire la fiche plante
J’essaie dans la mesure du possible d’offrir un hyperlien pour chaque plante proposée. Ce lien ouvre une fiche plante qui donne non seulement les informations reliées à la culture mais, si vous regardez plus bas, également l’information pour un usage sécuritaire de la plante (les méthodes d’utilisation, les doses sécuritaires, les précautions, les interactions, les propriétés). Naturellement, si vous avez une condition médicale compliquée cette fiche ne sera pas suffisante et vous devrez consulter un herboriste professionnel ou un pharmacien. Mais même si vous êtes en bonne santé, pour votre sécurité prenez le temps de faire connaissance avec les plantes avant de les consommer. Elles sont naturelles mais aussi puissantes.
Les plantes cholagogues et cholérétiques sont à proscrire en cas de calculs biliaires
Lorsque des calculs biliaires bloquent des canaux, augmenter la production de bile est douloureux et risque d’empirer le problème.
Les déficiences du foie sont des troubles de santé sérieux qui demandent l’attention d’un médecin
Les plantes cholagogues et cholérétiques sont utiles si vous avez fait des abus alimentaires, après avoir pris des médicaments ou encore si vous souffrez de constipation passagère, mais si vous soupçonnez un problème au niveau du foie il est important de consulter un médecin rapidement.
Plante cholagogue et cholérétique: Les bonnes utilisations
Problématique: Manque d’appétit
Pour stimuler l’appétit, rien de mieux que les plantes apéritives. Cependant, selon la cause du problème, elles peuvent être alliées aux plantes avec les propriétés suivantes:
– Amères, digestives: stimulent le système digestif pour créer la sensation de faim. Cependant, les propriétés apéritive, digestive et amère se regroupent, ainsi les plantes qui présentent l’une des propriétés ont souvent les deux autres.
– Cholérétiques et cholagogues: augmentent le flux de bile qui est un suc digestif utilisé par l’intestin grêle;
– Aromatiques: stimulent la muqueuse gastro-intestinale;
– Antiémétiques: soulagent le mal de coeur, l’envie de vomir ou au contraire forcent le vomissement (plante émétique ou, plus drastiquement, purgative).
Plantes utiles: Absinthe, acore odorant, angélique, aunée, fenugrec, gentiane, gingembre, mélisse, menthe, pissenlit, réglisse, romarin
Note: le manque d’appétit est souvent le symptôme d’un problème. S’il se prolonge sans cause évidente, il faut aller voir un médecin, surtout si vous constatez l’un des signaux suivants: fatigue, perte de poids rapide, dégoût, saignements, ganglions enflés. Ils pourraient cacher des problèmes de santé très importants.
Problématique: Digestion lente (dyspepsie)
En cas de digestion difficile les plantes digestives ou amères sont les spécialistes. Cependant, selon la cause du problème, elles peuvent être alliées aux plantes avec les propriétés suivantes:
– Carminatives: éliminent les gaz;
– Antispasmodiques: calment la musculature lisse du tube digestif;
– Aromatiques: stimulent la muqueuse gastro-intestinale;
– Cholérétiques et cholagogues: augmentent le flux de bile qui est un suc digestif utilisé par l’intestin grêle.
Problématique: Constipation
En cas de constipation, les spécialistes sont les plantes laxatives. Cependant, selon la cause du problème, elles peuvent être alliées aux plantes avec les propriétés suivantes:
– Amères ou digestives, carminatives: facilitent la transformation des aliments;
– Émollientes: soignent les muqueuses du tube digestif et aident au passage du bol alimentaire;
– Draineuses de bile (cholagogues, cholérétiques): la bile ramollit les selles.
Problématique: Flatulences et ballonnements
Les plantes carminatives sont les grandes expertes pour les troubles de flatulences et de ballonnements. Cependant, selon la cause du problème, elles peuvent être alliées aux plantes avec les propriétés suivantes:
– Antiputrides: nettoient le tube digestif en cas de mauvaises fermentations;
– Amères ou digestives, aromatiques: soutiennent la digestion;
– Antispasmodiques: calment la musculature lisse du tube digestif;
– Cholérétiques et cholagogues: augmentent le flux de bile, qui est un suc digestif utilisé par l’intestin grêle.
Plantes utiles: absinthe, aneth, angélique, anis vert, estragon, menthe, persil, romarin, sarriette, sauge, thym
Note: parfois, il suffit de manger plus lentement, de bien mastiquer, de ne pas travailler en mangeant pour régler le problème. La personne qui a un problème récurrent pourrait vérifier si elle n’a pas une intolérance au lactose,
Problématique: Migraine
Les plantes antimigraineuses sont les spécialistes. Elles sont souvent employées avec des plantes antalgiques et calmantes, selon la cause de la migraine, telles que le saule blanc (Salix alba), la reine-des-prés (Filipendula ulmaria) et le pavot californien (Eschscholzia ‘californica’).
D’autres plantes peuvent éliminer le problème à la source:
– Lutéotropes: synthétisent la progestérone (migraines cataméniales, syndrome prémenstruel, préménopause), par exemple l’alchémille (Alchemilla vulgaris) et le vitex (Vitex agnus-castus).
– Antispasmodiques, hépatiques et cholagogues: réduisent les migraines causées par les spasmes de la vésicule biliaire (dans le cas de migraines hépatobiliaires, par exemple le chardon-Marie (Silybum marianum), l’anis vert (Pimpinella anisum) et le radis noir (Raphanus sativus var. niger).
– Fluidifiants sanguins, anti-inflammatoires, vasodilatateurs, hypotenseurs; peuvent réduire la pression dans la boîte crânienne.
– Grande camomille (Tanacetum parthenium): grande spécialiste de la prévention et de la réduction de l’occurrence et de l’intensité des migraines. C’est une plante qui fonctionne en totum. On peut la prendre avec la fumeterre (Fumaria officinalis), la mélisse (Melissa officinalis) ou le gingembre (Zingiber officinal). L’huile essentielle de menthe appliquée sur le front et les tempes peut également apporter du soulagement.
– Les migraines peuvent être un symptôme de causes graves. Il faut voir un médecin pour en identifier la cause.
Tisane et concentré liquide …
Sauf exception (voir fiche plante), la majorité des plantes cholagogues et cholérétiques peuvent être prises sous plusieurs formes: poudre de plante en gélule, tisane ou décoction, concentré liquide. Afin de profiter de leur effets, on doit les prendre de 30 à 15 minutes avant le repas (en prévention) ou 1 heure après le repas. Évitez de boire pendant le repas: les liquides diluent les sucs gastriques et rendent la digestion plus difficile.
Les solvants recommandés
Les plantes cholagogues et cholérétiques sont généralement efficaces dans toutes leur formes (consultez les fiches plantes pour plus de détails). Par contre, si l’idée de prendre une teinture à base d’alcool vous rebute, après avoir fait des abus, il est alors possible de laisser évaporer l’alcool des quelques gouttes de teinture en les ajoutant à une tisane très chaude et aromatique, comme par exemple d’artichaut, de camomille allemande ou de romarin.
Avertissement
En cas de troubles importants ou de maladies chroniques, consultez un médecin.
Il est dangereux de faire son propre diagnostic et de pratiquer l’automédication.
Sauf indication spécifique, les usages décrits sont pour les plantes et ne sont pas applicables aux huiles essentielles.
Avant de consommer une plante: s’assurer de bien l’identifier et toujours lire la notice « Précautions et interactions avec les médicaments » dans les fiches plantes associées.
Les posologies sont données à titre indicatif et sauf précision contraire elles sont adaptées à l’adulte.
Malgré tout le soin apporté à la rédaction de l’article, une erreur aurait pu s’y glisser. Nous ne saurions être tenus responsables de ses conséquences ou d’une interprétation erronée, car, rappelons-le, aucun article ne peut remplacer l’avis du médecin. Pour plus d’informations sur l’utilisation sécuritaire des plantes, lire: Utilisation sécuritaire des végétaux comme alliés de votre santé.