Ce basilic a plusieurs noms communs, et pas n’importe lesquels : basilic sacré, basilic royal, tulsi et basilic des Indes… On verra dans cet article que ces noms ne sont pas donnés sans raison. Le basilic sacré est une plante formidable à cultiver chez vous !
J’en ai plusieurs plants au jardin, et j’adore passer près de cette plante à floraison abondante, dont l’odeur sucrée, fraîche et anisée me ravit à chaque visite et à chaque tasse. Je ne me lasse simplement pas de ce basilic bien particulier.
Parmi les sains petits bonheurs sous-exploités, il y a l’usage en tisane des plantes aromatiques telles que le romarin ou le basilic. Infuser des fines herbes fraîches nous donne en effet toute une harmonie de goûts savoureux et bons pour la santé. De toutes ces merveilleuses tisanes, ma préférée est celle du basilic sacré ! Elle a toute la finesse du basilic, mais en beaucoup plus sucré. On croirait presque qu’on y a mis de l’arôme de gomme balloune, et puis on goûte les notes de fond plus camphrées, presque anisées… un véritable régal ! D’ailleurs, juste à passer près du plant dans votre jardin, vos narines vont frétiller de bonheur. Je ne sais pas résister à y passer ma main.
Les multiples vertus du basilic sacré
Outre les tisanes et les attraits odorifères, le basilic sacré, en raison de son abondante floraison, attire les abeilles et autres butineurs utiles. C’est aussi une plante aux multiples vertus qui est qualifiée d’adaptogène. Elle est particulièrement utile pour les problèmes de digestion causés par l’anxiété. Mais elle peut faire bien plus que cela. Ne vous laissez pas tromper par son goût délicieux : s’il est vrai qu’elle est sécuritaire et travaille en douceur, elle a par ailleurs plusieurs vertus et saura être une bonne alliée dans nombre de préparations culinaires et thérapeutiques.
Restez avec moi pour tout apprendre sur cette plante unique tout en finesse qui sera votre prochain chouchou au jardin !
Est-ce vraiment un basilic ?
Le basilic sacré, qu’on nomme aussi tulsi, basilic royal ou basilic des Indes, est assez différent des basilics doux.
La botanique nous indique que le basilic sacré (Ocimum tenuiflorum L.) partage la même famille, les lamiacées, ainsi que le même genre, Ocimum que le basilic doux. Les deux basilics ne partagent toutefois pas la même espèce. Les basilics doux, dont le populaire basilic genova est une variété, viennent de l’espèce Ocimum basilicum L.. C’est l’espèce la plus cultivée. Il y a de très nombreuses variétés de cette espèce dont le nom générique est basilic doux. Le basilic doux et le basilic sacré sont donc des cousins. Nous verrons que pour ce qui est de la culture, les deux plantes sont assez semblables. D’un point de vue médicinal par contre, le basilic sacré a beaucoup plus de vertus que le basilic doux.
N’y a-t-il pas plusieurs espèces de basilic sacré?
Officiellement, les botanistes considèrent Ocimum tenuiflorum L. comme le nom officiel, et Ocimum sanctum L. comme un synonyme de la plante.
L’ennui est qu’on trouve deux descriptions assez différentes pour Ocimum tenuiflorum.
La plante que je cultive chez moi et que j’ai vue dans les jardins de mes amis herboristes québécois a quant à elle des feuilles qui sont vertes, presque vert-jaune. Selon Christophe Bernard, celui-ci serait le plus puissant, le tulsi rama ou Ocimum sanctum. C’est de cette espèce que je parle dans l’article, puisque c’est celui que je connais.
On voit par ailleurs, notamment sur Wikipédia, sous le nom de basilic sacré une plante aux feuilles vert foncé et violet qui correspondrait au tulsi Krishna ou Ocimum tenuiflorum. Toujours selon Christophe Bernard, les différents basilics sacrés s’utilisent de façon similaire.
Notez que Les jardins de l’écoumène adoptent le nom de Ocimum sanctum pour parler du basilic de cet article.
Côté culture, ses besoins s’apparentent à ceux du basilic (soleil, terre meuble bien drainée et riche).
Comme le basilic fait fuir nombre d’insectes nuisibles, il a peu à craindre, mais peut parfois être attaqué par les acariens, les mites ou les chenilles.
Par ailleurs, côté maladies, le basilic sacré est généralement plus résistant que le basilic doux. Il a tout de même une petite sensibilité à la tache brune et à la pourriture des feuilles. Pour réduire le risque de maladies fongiques, tout comme avec le basilic doux, assurez-vous que le terreau soit bien drainé (évitez l’eau stagnante), et ne vaporisez pas d’eau sur les feuilles. Si vous voyez un problème, pincez la tige deux nœuds sous les feuilles affectées.
Comme tous les basilics, le basilic sacré se cultive aussi bien en pot qu’en pleine terre.
Bien que le bouturage soit possible, on reproduit principalement le basilic par semis, qui sont très faciles à réussir. On dépose les semis en surface, car les graines ont besoin de lumière pour germer. Ils germent rapidement, souvent dans la première semaine, mais peuvent prendre jusqu’à 1 mois. Dans de bonnes conditions d’entreposage, ils gardent leur capacité germinative jusqu’à 8 ans, mais après 4 ans des tests de fertilité sont recommandés.
Si vous achetez un pot de basilic en supermarché, vous verrez que les plants sont semés beaucoup trop près l’un de l’autre, ce qui les empêche de se développer en mini arbrisseau (leur forme naturelle).
Si vos semis sont très rapprochés, lorsque la plantule aura ses 2 premières vraies feuilles (en plus des 2 cotylédons), il vous faudra soit repiquer ou éclaircir les plants.
Pour le compagnonnage, on lui considère les mêmes amies (tomate, poivron, aubergine, courge, choux, melon, haricot…). Le basilic sacré a tout à fait sa place dans la plate-bande gourmande, il offre un beau feuillage et de discrets faux épis aux teintes rosées. On choisit par ailleurs des plates-bandes proches de la maison, pour s’assurer qu’il ne souffre pas de sécheresse et qu’il ait sa part de soleil, et on place ici et là des plants où il aidera à éloigner plusieurs espèces nuisibles en couvrant de sa délicieuse odeur celle des plants plus vulnérables.
Le basilic n’a pas de grands ennemis, mais disons qu’il n’est pas très collaboratif avec les autres lamiacées (thym, romarin, sauge, menthe…). Ceci n’empêche pas d’avoir de bons résultats dans un jardin de fines herbes tout près de la maison, mais ces plantes ont des besoins et fonctions similaires dans l’écosystème. Les regrouper est donc un peu comme faire une monoculture sur une planche… ce n’est pas optimum, mais tellement pratique qu’on le fait quand même!
Est-ce envahissant ?
Non, le basilic est cultivé comme une plante annuelle, il ne peut donc pas résister au froid. Par contre, il produit de nombreux semis, faciles à récupérer pour la prochaine année.
Ne pas confondre avec…
Le basilic sacré a une couleur de feuille plus terne et d’un vert plus pâle et plus jaune que la majorité des basilics doux. Ses faux épis floraux sont aussi plus gros, et d’un rose violacé.
Il partage les traits caractéristiques des lamiacées. C’est-à-dire une tige quadrangulaire et des feuilles disposées de manière opposée. Cela dit, les lamiacées sont pratiquement toutes aromatiques et comestibles. Normalement, le goût et l’odorat de ces plantes sont facilement reconnaissables.
Historique, tradition, origine du basilic sacré
La plante est largement utilisée dans la médecine ayurvédique, qui la nomme tulsi (en hindi).
En Inde, et d’ailleurs dans plusieurs cultures, ce basilic est considéré comme sacré. On l’utilise pour purifier, protéger et bénir, dans les cérémonies, les temples, les maisons et les tombeaux.
En médecine ayurvédique, on la considère comme l’une des plus puissantes. On dit qu’elle maintient la jeunesse, qu’elle apporte la joie et le bonheur.
Toutes les parties aériennes sont comestibles. On préfère toutefois les feuilles et les fleurs (avant qu’elles ne montent en graines).
Le basilic sacré est beaucoup plus sucré que les basilics doux. Ainsi, il ne fait pas un très bon pesto.
Il accompagne bien les tomates et le poivron. Chez nous, il est rarement cuisiné, mais on le retrouve assez souvent dans la cuisine asiatique, notamment thaïlandaise.
À mon avis, il brille particulièrement pour aromatiser les desserts comme les salades de fruits. Il fait aussi un sorbet extraordinaire !
Recette de sorbet au basilic sacré
Ingrédients :
- 75 g de feuilles et fleurs fraîches de basilic sacré
- ¾ de tasse de sucre
- 700 ml d’eau chaude
Instructions avec sorbetière :
- Couper finement le basilic
- Laisser infuser le basilic 15 min dans l’eau chaude (avec un couvercle)
- Mettre le sucre, le basilic et l’eau infusée dans une casserole
- Chauffer légèrement afin de dissoudre le sucre
- Passer au robot ou au mélangeur
- Mettre dans la sorbetière
Alternative sans sorbetière :
Les étapes 1 à 5 restent les mêmes, puis :
- Mettre une pellicule antiadhésive (par exemple, papier ciré ou silicone) au fond d’un moule, et mettre le mélange dans le moule
- Congeler 4h
- Démouler et passer au robot (ou au mélangeur)
- Remettre dans le moule avec la pellicule antiadhésive
- Congeler 1h
Côté médicinal c’est une grande, mais douce plante, acceptée comme adaptogène « probable » #ref:91#. Le basilic sacré est souvent utilisé en comme plante anxiolytique et digestive. Il excelle pour les troubles de digestion causés par l’anxiété. En Inde, on l’utilise aussi beaucoup comme expectorant.
On va également l’utiliser parce qu’il aide à réduire le stress, augmente la capacité de concentration et améliore la mémoire. Il est aussi utile pour le diabète, la haute pression, l’asthme, le taux de lipide dans le sang et ses capacités d’immunomodulateur.
C’est une excellente plante pour élever l’esprit, lui donner de la lumière, de la clarté, et lui permettre de se concentrer.
Bien qu’à ce jour il y ait beaucoup plus d’études du basilic sacré sur les animaux que sur les humains, les études chez l’humain démontrent des effets positifs dans pratiquement tous les cas et surtout elles sont sécuritaires (à travers toutes ces études, seul un cas de nausée occasionnelle a été rapporté comme effet indésirable). Pour en apprendre plus sur les différentes études, je vous recommande la méta-analyse de Jamshidi et Cohen.
Transformation et conservation du basilic sacré
Le basilic sacré est à son meilleur lorsqu’il est frais. Pour consommer du basilic frais toute l’année, cultivez-le en pot et rentrez-le pour la saison froide.
Il est certes possible de conserver son basilic (feuilles et fleurs) en le faisant sécher. Le séchage est cependant difficile à réussir et ne demeure intéressant que quelques mois. Pour en conserver l’arôme, la température ne doit cependant pas dépasser 30 °C, et le séchage doit s’effectuer rapidement, pour éviter que les feuilles ne noircissent! Pour ce faire, assurez-vous donc d’avoir un endroit bien aéré et avec un air le plus sec possible.
Il est également possible de couper les feuilles et les fleurs déposées dans des bacs à glaçons qui seront remplis d’huile. Une fois gelés, vous pouvez les démouler et les conserver au congélo dans un sac hermétique. Je préfère néanmoins garder cette technique pour mon basilic doux.
Pour les usages médicinaux, je recommande d’utiliser le basilic sacré en tisane.
Mélangez 1 à 3 c. à thé de fleurs et de feuilles dans une tasse d’eau chaude que vous laisserez infuser 10 à 15 minutes. N’oubliez pas de couvrir votre tasse d’un couvercle pendant l’infusion.
Il y a possibilité de faire des vinaigres et des teintures de basilic sacré (voir la section Utilisations de la fiche plante). La plupart des études sont faites à partir des teintures, elles doivent donc fonctionner, mais alors on perd l’arôme.
Le basilic est une plante alimentaire sécuritaire. Il contient par contre une bonne quantité d’huiles essentielles. Selon les sensibilités, en manger des quantités excessives (salade de basilic à répétition) pourrait donner des maux de ventre ou des nausées.
La femme enceinte devrait éviter les doses thérapeutiques, surtout pendant les 3 premiers mois de la grossesse, car le basilic sacré, comme toutes les lamiacées, est légèrement emménagogue et pourrait augmenter les chances de fausse couche.
La femme qui allaite devrait également éviter les doses thérapeutiques à cause de l’estragol, qui pourrait être mutagène.
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Crédit photo page titre: Krish Dulal, Shashidhara halady