Entrer en contact profond avec les plantes

Entrer en contact profond avec les végétaux est une expérience et un sujet qui me passionne. C’est un moteur qui nourrit au quotidien mon amour des plantes et me motive à partager avec vous mes connaissances (plus rationnelles) sur les végétaux.

Parce que je suis persuadée qu’on ne peut pas connaître intimement les plantes sans tomber amoureux.
Ou peut-être ne peut-on pas vraiment connaître une plante si on n’en est pas profondément amoureux?

Développer son instinct, sa voix intérieure

Dans la nature, il n’est pas rare de voir que les animaux, suivant leur instinct, ingèrent exactement les meilleures plantes de leur environnement selon les besoins du moment et évitent les plantes toxiques, même à la première rencontre. Déjà, nos animaux domestiques sont plus à risque de se tromper que les sauvages.

Quant à nous, nous avons travaillé très fort à endormir cet instinct. En insistant sur les aspects faillibles, on nous encourage à ne pas lui faire confiance. Certes, c’est vrai qu’il est faillible. Mais n’est-ce pas encore plus dangereux d’endormir notre instinct?

Ne vous en faites pas, loin de moi l’idée de vous demander de vous entraîner en jouant à la roulette russe avec des baies ou des champignons inconnus! En fait, là où l’on a tout faux, c’est qu’on n’a pas à faire un choix entre l’instinct et la connaissance, au contraire : les deux se nourrissent et se complètent.

Utilisez cet article comme exercice pour vous connecter à votre voix intérieure. Revisitez vos habitudes de bon(ne) étudiant(e) et donnez-vous la liberté de lire dans la séquence de votre choix et au moment où vous en avez l’élan. De la même façon, si des passages ou des sections vous ennuient, sautez-les sans vergogne : leur contenu ne vous est pas utile dans l’instant présent.

Mise en garde : cet article est beaucoup plus personnel, moins factuel, qu’à mon habitude. La raison est qu’il prend sa source dans mon ressenti, je vous parle de ma vérité et des inspirations qui l’ont soutenue.

Le contact des plantes est bénéfique aux humains

La science a observé aux cours de nombreuses études que la présence des végétaux réduit de façon mesurable l’activité des zones du cerveau reliées à l’anxiété (comme l’amygdale et le cortex préfrontal), que les jardiniers seniors profitent d’un taux de cortisol réduit, d’une diminution des symptômes de dépression et d’une réduction de douleurs articulaires. Qu’une promenade en forêt a beaucoup plus d’impact sur le système parasympathique que la même promenade en ville.

On ne sait pas exactement pourquoi ou comment les végétaux ont cet effet sur les humains. La théorie la plus courante dit que c’est parce qu’il s’agit, historiquement parlant, de notre milieu naturel. On serait en quelque sorte programmé à se détendre en présence des végétaux.

Je ne remets pas cette théorie en question, mais je suis persuadée qu’il y a plus.

Et si les plantes émettaient des signaux à l’attention des humains?

Les plantes dans la nature émettent des signaux. Elles usent d’odeurs, de couleurs, mais aussi de sons, de phéromones, de signaux électromagnétiques, etc. On commence à peine à les observer et à les recenser. Ces signaux s’adressent parfois aux autres végétaux, aux insectes, et pourquoi pas aussi à nous? 

De tout temps, les hommes/femmes verts (green men/women) ont profité de ce contact privilégié

J’aime l’expression proposée par l’abbesse Sainte Hildegarde de Bingen: VERDITAS… qui est une contraction en Latin de « Vérité » et de « Vert ». Une affirmation de l’intelligence vivante et sacrée du monde végétal.

Les hommes/femmes médecine autochtones disent fréquemment que l’essentiel de leur connaissance, ils l’ont reçue directement des plantes. (lire : Ce que les peuples racines ont à nous dire #ref:268# pour plus d’informations).

Mon ressenti lorsque j’entre en connexion avec la nature

Depuis mon enfance, quand je me promène dans certains lieux naturels, je perçois une forme d’énergie positive. Non seulement je perçois, mais mon corps réagit et se met à émettre à son tour. Chez moi, la meilleure façon de décrire mon ressenti lorsque j’émets est l’image des Calinours. Quelque chose s’ouvre au niveau de la cage thoracique, et de l’énergie part du cœur. Pendant l’expérience, je suis comme gonflée d’énergie; cela peut être très intense, pas toujours, d’autres fois c’est plus une douce lumière, bienveillante et chaleureuse, mais à débit tranquille. Parfois un sens concret, des mots remontent clairement, souvent l’information passe par le ressenti du corps et prend plusieurs messages pour avoir du sens.

Dans ces échanges, j’ai mon rôle, mes intentions sont prises en compte et mon énergie influence le rythme, mais je ne danse pas seule et mes partenaires influencent également le rythme et l’intensité de l’échange.

Un protocole qui prédispose à la réception

Comme toute communication, il faut être deux pour communiquer, nous ne pouvons pas forcer le dialogue, mais nous pouvons réunir les conditions qui favorisent le contact.

Honorez la nature, adressez-vous d’égal à égal

Toute chose offrira ses secrets si vous l’aimez suffisamment 

George Washington Carver (tiré d’un livre de Buhner)

Les différents organismes naturels ont des capteurs de perception très développés. Il n’est pas possible de simuler. Si vous les considérez comme des outils à l’usage de l’homme, il y a fort à parier qu’ils ne seront pas enclins à se livrer de cœur à cœur.

Malheureusement, la science moderne impose un point de vue anthropocentrique (où l’homme se place au sommet de la hiérarchie des autres organismes). Cette vision très méprisante de la vie n’encourage pas le dialogue. Évidemment, si on mesure les plantes par rapport aux critères humains, les plantes sont des humains très peu performants. Mais si on prend le temps de vraiment les observer, on réalise à quel point elles sont étonnantes et merveilleuses.

Des pistes pour honorer la nature

Pour honorer la nature, on doit reconnaître l’existence des plantes comme organismes vivants et intelligents. Différents, mais égaux. Exprimer de la gratitude pour leur présence. Prendre le temps d’observer un individu avec suffisamment d’attention pour le distinguer du reste de sa tribu. Dans son livre Braiding sweetgrass #ref:269#, Kimmerer nous raconte que dans la langue de son peuple, les Potawatomi, ils utilisent des pronoms de personnes pour parler des plantes, en disant il ou elle plutôt que le ou la, afin de bien prendre conscience qu’ils sont des êtres vivants et non des choses.

Plusieurs approches peuvent stimuler l’admiration sincère pour les plantes. Pour certains, il s’agit de les côtoyer et de prendre le temps, au quotidien, d’observer leur beauté; d’autres, plus intellectuels, aiment apprendre sur les plantes.

Voici quelques lectures (disponibles en français) pour vous faire tomber amoureux :

• Nous les plantes, L’intelligence des plantes, La révolution des plantes – Mancuso Viola
• La femme qui tendait l’oreille aux plantes – Monica Gagliano
• La vie secrète des arbres, Ce que nous enseigne la forêt (et beaucoup d’autres titres disponibles) – Peter Wohllenben
• Tresser les herbes sacrées – Robin Wall Kimmerer

Sélectionnez votre végétal en suivant votre instinct

Laissez-vous guider par votre attraction naturelle, mais favorisez les vieux arbres, les plantes bien en santé, celles à qui vous avez déjà donné beaucoup de soins et d’attention.

Libérez le cerveau et préparez le corps

1. J’aime bien prendre 1 minute pour sautiller et balancer mon corps pour reprendre contact avec lui.
2. Je m’assois confortablement, je ferme mes yeux et me centre en me concentrant sur ma respiration, puis je porte à chaque respiration mon attention sur une partie de mon corps en balayant tout mon corps des pieds à la tête et en prenant au passage des notes mentales des endroits où il y a de la tension, mais juste en observant, sans porter de jugement sur la présence ou l’absence de tension.

Énoncez votre intention

3. Dans ma tête, je salue la plante, me présente et énonce mon intention. Quelque chose comme « bonjour beau chêne, merci de ta merveilleuse présence, je marchais dans le parc et j’ai été attiré par toi, j’aimerais, si tu en as aussi envie, prendre un peu de temps pour faire connaissance. Comment vas-tu? ».

Écoutez

4. Je me place en position d’écoute telle que je l’ai apprise dans mes cours de CNV. Ne sachant pas exactement quels signaux seront envoyés ni quels récepteurs chez nous sauront les capter, il s’agit de rester dans une pose pratiquement méditative, sans attente, sans pensée, mais avec une douce attention portée à la fois à une plante, mais aussi à chaque ressenti qui vit chez nous. Créez une zone sécuritaire de non-jugement entre vous et la plante. Favorisez un contact profondément intime, qui peut prendre racine avec n’importe quelle part de vous, des parts adultes, mais aussi votre enfant intérieur. Acceptez même que remontent des parts blessées ou muselées de vous. Vous êtes dans une zone sécuritaire et authentique où l’amour est inconditionnel. Dans cette pose d’ouverture et d’amour, les vulnérabilités sont souvent des alliées sensibles pour bâtir des ponts et des pistes de guérison. Faites-vous confiance, utilisez votre ressenti pour moduler votre amour et guider l’expérience.

Atterrissez en douceur

5. Je reste attentive à ce qu’il se passe et je prends le temps. À un moment, mon esprit devient dissipé, je ne perçois plus de signaux. Je prends le temps de remercier l’arbre et de partager avec lui ma gratitude pour l’échange.
6. Parfois je ressens le besoin de consigner par écrit mon expérience, parfois je n’arrive pas à traduire en mots l’expérience. C’est OK!
7. Je prends le temps de revenir à moi, où se situe mon énergie, qu’est-ce qui est vivant chez moi. Normalement après ces contacts, tout notre corps est très sensible, comme à fleur de peau. Notre tempérament est léger, mais on a envie de douceur et de tranquillité. Cela pourrait être un bon moment pour faire une sieste ou partager sa joie avec une personne de confiance.

Les cadeaux-surprises

Parfois, c’est notre ami qui sonne à la porte sans s’être annoncé!

Avec la pratique, particulièrement si vous côtoyez de riches milieux naturels, il se peut que vous ressentiez des signaux sans être préparé. Ne boudez pas ces plaisirs impromptus! Essayez d’arrêter ce que vous faites et suivez les signaux. Profitez du moment, il est précieux. Soyez attentif à l’ouverture de votre cœur. Il indique un beau cadeau de la vie.

Les écueils

Acceptez le non-lieu

Il se peut que même en suivant scrupuleusement toutes les étapes, rien ne se passe. Ceci n’est pas un échec, juste un non-lieu. Voyez-le simplement comme si vous aviez sonné à la porte d’un ami en espérant partager un moment unique et qu’il n’avait pas répondu. Personne n’est coupable, personne n’a échoué ni n’a été rejeté.

Soyez patient, dans la gratitude, ne serait-ce que pour un moment de calme qui a été vécu. Si possible, n’ayez aucune attente, aucune pression, juste la liberté et l’intention d’entrer en contact. Des relations magnifiques prennent parfois beaucoup de temps à s’épanouir.

C’est le temps que tu donnes à ta rose qui en fait sa valeur

Saint-Exupéry

Les plantes vivent sur un espace-temps différent du nôtre. Il faut parfois bâtir la confiance avec la plante, mais surtout avec soi-même pour percevoir les messages. 

N’essayez pas de rationaliser pendant la discussion

Si le contact se fait, n’essayez pas de rationaliser ou de forcer les mots pendant l’échange. Suivez votre élan, il est ici un meilleur guide. Le rationnel peut avoir sa place après le contact, pour aider à l’assimilation ou donner du sens, il fait partie de vos ressources, mais à chaque outil ses usages.

Ne forcez rien

Ne forcez aucune réponse. Si vous insistez pour qu’une plante vous dise telle ou telle chose, ce sera votre croyance, non sa vérité qui sera exprimée. 

Un long parcours, mais avec de belles possibilités

Si vous avez lu avec intérêt tout l’article, c’est que vous êtes motivé à développer votre contact intime avec les végétaux. Si jusqu’à maintenant cette richesse de contact a échappé à votre conscience, mais que l’élan est vivant chez vous, alors le contact est possible! Il faut reprogrammer votre subconscient, lui apprendre votre réel intérêt pour les signaux des végétaux.

Votre subconscient travaille pour vous, il est votre ami et votre allié. Il travaille dur pour filtrer la vaste majorité des signaux reçus afin que vous soyez fonctionnel. Il donne priorité à tout signal qui pourrait représenter un danger, puis il priorise les signaux selon vos intérêts.

Quand on n’a jamais eu conscience de ces signaux, dire à notre subconscient que ces signaux nous intéressent, c’est un peu comme réveiller les muscles primitifs et atrophiés des oreilles: pour pouvoir les entraîner, il faut être capable de trouver le muscle responsable. Tant qu’on ne sait pas le trouver, on est pris à forcer fort du nez et des yeux, ce qui n’est d’aucune utilité pour trouver le muscle des oreilles.

C’est un peu la même chose pour les signaux des végétaux. On a appris depuis si longtemps à banaliser les végétaux que notre subconscient ne nous importune pas avec ces signaux qu’il pense savoir triviaux.  

Pour changer le programme, il faut certes lui annoncer votre désir, mais surtout faire preuve de cohérence entre votre intention et vos actions. En présence des végétaux, ralentissez et portez attention, tous vos sens aux aguets. Soyez sincèrement intéressé à vos végétaux. Bref, traitez les végétaux avec importance.

Deux pistes pour aller plus loin

La Communication Non Violente (CNV)

La communication non violente est une méthode de communication formalisée par Marshall B. Rosenberg. L’expression « non violente » est une référence au mouvement de Gandhi et signifie ici le fait de communiquer avec l’autre sans lui nuire.

À l’époque, mon mentor m’avait proposé différentes lectures. Mon instinct, ici, a choisi, sans hésiter le livre : Les mots sont des fenêtres (ou des murs) #ref:270#. J’ai vraiment plongé avec passion dans la CNV pendant 5 années.

Avec le recul, je retiens surtout la posture, la philosophie derrière la méthode. Elle a changé ma vie. Je ne veux pas, ici, faire un cours de CNV, qui est une véritable philosophie de vie riche et profonde, mais je veux parler de la posture d’écoute transmise par la CNV parce que c’est elle qui m’est très utile pour entrer en contact avec les végétaux.

La posture d’écoute empathique

En CNV, la posture d’écoute est très importante. Il s’agit d’être détendu dans l’ouverture et la bienveillance. On met le cerveau à « off », mais on reste attentif à toute réaction physique chez nous. Le but est d’écouter avec tous nos sens pour aller, au-delà des mots, capter ce qui est vivant chez notre interlocuteur.

Pour mieux se mettre dans cette posture, il peut être utile de bouger un peu puis de faire une courte méditation pour observer où se trouvent les tensions dans notre corps.

Comme la personne qui écoute est également vivante, il n’est pas rare que l’écoute nous fasse réagir. Ce sont des perles pour nous permettre de grandir, mais pour poursuivre l’écoute, il est nécessaire de prendre conscience, si possible d’apporter suffisamment d’empathie pour permettre de remettre à plus tard le travail personnel, et revenir, pleinement centré, dans l’ouverture à notre interlocuteur.

On offre une attention maximale à l’autre sans jamais perdre le contact à soi, à notre corps physique qui est un outil hypersensible pour la communication de cœur à cœur.

J’ai découvert que cette posture détendue, sans attente, ouverte et bienveillante, est idéale pour favoriser le contact avec les plantes. Et que, faute de mots audibles, leur communication passe très souvent par le ressenti physique. C’est en donnant de l’empathie aux parts qui réagissent que j’obtiens l’essentiel de l’information transmise par les plantes. Parfois des mots remontent clairement, mais ce n’est pas la norme. Plus généralement, cela me prend plusieurs rencontres pour donner du sens au ressenti. Il n’y a pas d’inquiétude à avoir sur la longueur du processus, les plantes ont tout leur temps et cela ne les importune nullement de se répéter aussi longtemps qu’il y a du respect.

Stephen Harrods Buhner

Buhner est un renommé herboriste américain. Vous trouverez sous sa plume principalement deux types de livres :

• Les livres d’herboristerie
• Les livres du contact ou des apprentissages transmis par les végétaux

Dans un style qui mélange les découvertes scientifiques et une multitude de citations, de poésies et de proses, il tente par plusieurs angles de toucher l’âme et de nous aider à activer les canaux de communication.

Il a une drôle de façon d’écrire qui nous incite à nous approprier comme les nôtres les vérités qu’il met à jour. Un peu comme des vérités que votre inconscient savait sans jamais y avoir mis des mots, et qui le jour où elles sont énoncées se font adopter comme nôtres. Ceux qui ont lu Buhner trouveront dans cet article plusieurs concepts qui en sont inspirés, si ce n’est pas carrément copiés. J’ai beaucoup appris à le lire et j’ai intégré plusieurs de ses propositions, au point où je n’en distingue plus toujours clairement l’origine.

Voici quelques livres de Buhner que je vous recommande :

• The Secret Teachings of Plants
• Becoming Vegetalista
• The Lost Language of Plants
• Plant Intelligence and the Imaginal Realm
• Sacred Plant Medicine

Mot de la fin

En 2024, donnons-nous du temps pour toucher à ce merveilleux trésor.

Que la générosité du monde végétal vous apporte la plénitude, dans le respect sinon l’admiration de la différence!