Faire une crème pour la peau, c’est aussi simple et rapide que de faire une mayonnaise!
Ce sont deux émulsions, c’est-à-dire des solutions qui utilisent un émulsifiant (des œufs pour la mayonnaise, et de la cire pour la crème) afin de mélanger l’eau et l’huile et de leur donner une texture homogène et crémeuse.
Cela dit, il y a déjà des dizaines de recettes de crème « DIY » sur internet, alors pourquoi cet article? L’objectif est de vous donner les principes qui vous permettront de créer vos propres crèmes à partir des récoltes de votre jardin. Avec les astuces présentées dans cet article, vous pourrez:
- Jouer sur les proportions pour créer les textures recherchées
- Choisir des additifs sains pour potentialiser ou conserver mieux vos crèmes
- Choisir, transformer et utiliser les plantes de votre jardin pour faire vos crèmes
- Créer rapidement de petites quantités de crème pour les besoins du moment
Même si j’ai l’habitude de faire mes recettes d’émulsion, pour préparer cet article j’ai fait plus de 75 tests. Chaque recette de cet article a été testée et retestée pour la facilité d’exécution et la stabilité de l’émulsion.
Étapes de fabrication de la crème
- Aseptisez les contenants et outils de cuisine;
- Mesurez les ingrédients;
- Mélangez les ingrédients huileux et l’émulsifiant ensemble ( à l’exception des huiles essentielles);
- Mettez les ingrédients aqueux et gélifiants ensemble;
- Faites chauffer au bain-marie séparément les ingrédients huileux et les ingrédients aqueux à température entre 60 et 70°C, jusqu’à ce que la cire soit complètement fondue;
- Brassez les ingrédients huileux ensemble;
- Commencez à fouetter la phase aqueuse sur le bain-marie
- Ajoutez graduellement la phase huileuse au mélange aqueux et fouettez jusqu’à consistence homogène;
- Retirez du feu, tout en mélangeant jusqu’à ce que la crème soit épaisse et lisse et à température ambiante (moins de 30°C);
- Ajoutez et mélangez les ingrédients « autres »;
- Mettez en pot et étiquetez.
Pour bien réussir votre émulsion
Évitez un trop grand écart de température entre les éléments aqueux et huileux
Dans les étapes de fabrication, je suggère de réchauffer également les éléments aqueux au bain-marie. En réalité, cette étape est optionnelle et vise seulement à réduire l’écart de température. Il est également possible d’avoir les éléments aqueux à température ambiante et d’attendre que les éléments huileux refroidissent avant de les mélanger. Cette alternative est par contre moins facile à contrôler, et les résultats sont par conséquent moins constants.
Que faire si l’émulsion n’a pas réussi
Dans la littérature, quelques auteurs suggèrent de remettre l’émulsion au bain-marie pour la fouetter à nouveau. Dans mon expérience personnelle, cette opération sauvetage est toujours assez décevante. On réussit avec la chaleur à rendre le mélange homogène, mais dès qu’on le refroidit il se sépare à nouveau.
Cela dit, une fois votre émulsion réchauffée et fouettée (mélange homogène), vous pouvez ajouter l’équivalent de 1% de gomme xanthane dans l’émulsion, fouetter encore un moment puis retirer du bain-marie (toujours en fouettant). Une fois à température ambiante, ajoutez du Cosgar pour améliorer la conservation et fouettez à nouveau. Votre émulsion sera alors un peu gélifiée, mais au moins le mélange sera homogène.
Les ingrédients d’une crème
Pour faire une émulsion, on a donc toujours une phase aqueuse et une phase huileuse, qui pourront se mélanger grâce à un émulsifiant.
C’est en jouant sur nos proportions et le type d’émulsifiant qu’on crée les textures désirées.
Afin de pouvoir comparer les textures, j’ai pour toutes mes photos conservé les mêmes phases aqueuse et huileuse (à des quantités différentes)
- Une infusion de pétale de rose (5 c. à table pour 500ml d’eau) pour ma phase aqueuse;
- De l’huile de pépins de raisin pour ma phase huileuse.
J’indique mes préparations en raison du pourcentage de chacun des ingrédients, sauf la phase aqueuse qui est le pourcentage restant. Ainsi, si je parle d’une émulsion à 10% de cire d’abeille et 60% d’huile de pépins de raisin, cela veut dire qu’il y a (100-70= 30) 30% d’infusion de pétale de rose.
Il est à noter que l’infusion de pétale de rose a une teinte rouge/bourgogne dont le pourcentage plus ou moins grand vient influencer la couleur des émulsions.
Les bonnes proportions feront les bonnes textures de crème
Lors de la fabrication d’une crème, il y a place à beaucoup de variations, mais chaque émulsifiant a ses forces et ses faiblesses. Il vaut mieux éviter les extrêmes qui feront des émulsions moins stables, c’est-à-dire où les parties aqueuse et huileuse ont tendance à se séparer avec le temps. J’ai fait un grand nombre de tests afin de définir ces limites,
Voici les proportions suggérées selon votre émulsifiant:
Texture désirée | Cire d’abeille | Cire émulsifiante type « Polawax » |
---|---|---|
Créme | 4% Cire d’abeille 48% Phase huileuse 48% Phase aqueuse | 6% Cire émulsifiante type Polawax 30% Phase huileuse 64% Phase aqueuse |
Onguent en pot | 10% cire d’abeille 70% Phase huileuse 20% Phase aqueuse | Non recommandé |
Onguent en bâtonnet | 15% Cire d’abeille 85% Phase huileuse | Non recommandé |
Beurre corporel | 8% Cire d’abeille 55% Phase huileuse 37% Phase aqueuse | 8% Cire émulsifiante type Polawax 45% Phase huileuse 47% Phase aqueuse |
Lait corporel | 1% Cire d’abeille 50% Phase huileuse 50% Phase aqueuse | Non recommandé |
Mousse corporelle | Non recommandé | 8% Cire émulsifiante type Polawax 20% Phase huileuse 72% Phase aqueuse |
Gel | 1% Cire d’abeille 3% Gomme xanthane 16% Phase huileuse 80% Phase aqueuse | 5% Cire émulsifiante type Polawax 3% Gomme xanthane 10% Phase huileuse 82% Phase aqueuse |
Ingrédients phase aqueuse
La phase aqueuse est une excellente opportunité d’utiliser les plantes choisies. Voici les transformations les plus courantes à votre disposition:
- Eau
- Hydrolat de plante; pour ceux qui ne font pas de distillation, il est possible d’acheter les hydrolats. Ceux-ci sont très agréables sur la peau, mais ne contiennent qu’une partie des principes actifs et des propriétés de la plante. Ils sont beaucoup plus faciles à utiliser que les huiles essentielles.
- Infusion / décoction de plante
- Macérat hydroglycériné ou glycéré de plantes
- Le gel contenu dans certaines plantes, comme l’aloès (Aloe vera)
Il est également possible, mais plus rare, d’utiliser les concentrés liquides à base d’alcool (teintures) ou à base de vinaigre. On opte pour ces solutions inusuelles si on veut profiter des propriétés d’une plante et que c’est sous ces formes qu’elle est disponible pour nous. Ne pas utiliser plus de 25% de la phase aqueuse pour une teinture et 50% pour un vinaigre. Naturellement, une fois en crème, celle-ci sentira encore le vinaigre ou l’alcool, mais l’émulsion fonctionnera et vous bénéficierez des propriétés. Prenez note que si le vinaigre de pomme est apaisant, tonique et astringent pour la peau, l’alcool, lui, assèche la peau et est contre-indiqué pour les peaux sensibles.
Glycérine
La glycérine est soluble dans l’eau et s’ajoute à la phase aqueuse pour augmenter le pouvoir hydratant des crèmes. Je rappelle que l‘on ne doit pas avoir plus de 10% de glycérine dans nos crèmes, sans quoi la crème sera asséchante et irritante pour la peau.
Ma peau, qui n’est pas particulièrement sensible, réagit assez fortement à la glycérine, c’est pourquoi je n’en ajoute jamais plus de plus de 5% dans mes crèmes.
Voir l’article sur la glycérine pour connaître ses propriétés médicinales et chimiques, et ses usages comme solvant avec les plantes.
Ingrédients phase huileuse
Pour la phase huileuse, on peut bien sûr utiliser les différentes huiles végétales disponibles sur le marché.
Il est également possible de joindre aux propriétés de l’huile certaines vertus des plantes en utilisant une macération huileuse de ces plantes. Pour faire ces macérations, il faut choisir des huiles qui peuvent se conserver à température ambiante sans rancir trop rapidement. L’huile d’olive est celle qui est le plus fréquemment utilisée, mais voici quelques alternatives:
- Huile de pépins de raisin
- Huile d’avocat
- Huile de canola
- Huile de jojoba
- huile de coco
- Huile de tournesol
- Beurre de cacao
- Beurre de mangue
Vitamine E
Pour ralentir le rancissement des crèmes (surtout si vous avez utilisé des crèmes qui se conservent au frigo).
On ajoute seulement 1 à 2 gouttes par 30ml de crème (soit 0,1 à 0,2%). En prime, la vitamine E a de belles propriétés vulnéraires et anti-inflammatoires. Elle sera utile pour réparer les tissus abîmés par l’âge et le soleil.
Saviez-vous?
Certaines huiles offrent une légère protection solaire
Selon les expérimentations de Chanchal Deep Kaur et Swarnlata Saraf, les huiles qui offrent la meilleure protection sont l’huile d’olive et l’huile de coco (FPS8); viennent ensuite l’huile de ricin et l’huile d’amande (respectivement, FPS 6 et 5) et un maigre FPS 2 pour l’huile de sésame#ref:11#. Toutes les sources ne donnent pas les mêmes valeurs de protection: je vous transmets celles-ci, car elles sont accompagnées du protocole de test.
Donc oui, c’est une bonne idée d’ajouter des huiles qui protègent un peu, mais il faut retenir que celles-ci ne seront pas suffisantes pour une exposition prolongée au soleil. Vous pourrez alors ajouter de l’oxyde de zinc, que nous verrons dans la section « autres » des ingrédients.
Émulsifiants, co-émulsifiants et gélifiants
Cire d’abeille
La cire d’abeille est l’émulsifiant par défaut. C’est un produit naturel polyvalent et performant, qui agit comme épaississant et émulsifiant. Il est idéal pour les onguents solides et les émulsions à fort pourcentage d’huile (émulsion d’eau dans l’huile), les soins intensifs des peaux irritées ou la protection contre un climat agressif (froid d’hiver, vent salin, etc.). Cependant, il est plus difficile à travailler pour avoir des crèmes légères, car il donne des textures plus lourdes et laisse un film protecteur. Le film réduit la capacité d’absorption des crèmes et réduit la « respirabilité » de la peau. Pour réussir nos émulsions avec des phases huileuses faibles (10 à 30%), il est préférable de mettre de la gomme xanthane, ce qui donne une texture gélifiante; on améliore la respirabilité, mais aux dépens de l’absorption.
- Sa solubilité: dans l’huile
- Pourcentage minimum et maximum à utiliser dans une émulsion: entre 1 et 20%
- Point de fusion (température à laquelle l’émulsifiant fond): entre 62 et 65°C
- Masse volumique: 0,95g/ml
- Compatibilité avec les additifs (selon vos usages): compatible avec extrait de pépins de pamplemousse et et Cosgard.
- Compatibilité – type de peau: pour tous les types, mais idéale pour les crèmes très protectrices.
Cires émulsifiantes
Il faut faire attention avec les cires émulsifiantes, car elles ne sont pas toutes équivalentes. Assurez-vous d’acheter la bonne cire émulsifiante. Pour préparer cet article, j’ai fait mes tests avec une cire émulsifiante assez commune, parfois connue sous le nom de Polawax. Cette cire est le produit de l’association d’un alcool gras d’origine végétale (cetearyl alcool) et d’un dérivé de sucre éthoxylé et estérifié par un alcool gras d’origine végétale.
C’est une cire très facile à travailler qui donne vraiment de belles textures sans modifier la couleur des émulsions. Elle travaille au mieux en faible pourcentage (jusqu’à 8%), sans quoi elle rend les émulsions trop dures. Elle est idéale pour faire des crèmes et des mousses légères qui pénètrent bien, à faible pourcentage de phase huileuse.
- Sa solubilité: dans l’huile
- Pourcentage minimum et maximum à utiliser dans une émulsion: entre 4 et 10%
- Point de fusion (température à laquelle l’émulsifiant fond): 53°C
- Masse volumique: 0,56g/ml
- Compatibilité avec les additifs (selon vos usages): compatible avec extrait de pépins de pamplemousse et autre conservateur tel que Cosgard, Naticide, Leucidal, etc.
- Compatibilité – type de peau: pour tous les types, mais idéale pour les peaux normales à sèches
Alcool cétylique (co-émulsifiant)
On utilise l’alcool cétylique dans les émulsions comme co-émulsifiant. Celui-ci aide à stabiliser et épaissir les émulsions. Il donne également une texture plus riche et plus hydratante, et renforcit le film protecteur aux dépens d’un peu de pénétration. Celui que j’utilise est fabriqué à base d’huile de coco. Je l’utilise dans des proportions entre 2 et 5%. Il convient plutôt aux peaux sèches qu’aux peaux grasses.
- Sa solubilité: dans l’huile
- Pourcentage minimum et maximum à utiliser dans une émulsion: entre 2 et 5%
- Point de fusion (température à laquelle l’émulsifiant fond): 52°C
- Masse volumique: 0,7g/ml
- Compatibilité avec les additifs (selon vos usages): compatible avec extrait de pépins de pamplemousse et autre conservateur tel que Cosgard, Naticide, Leucidal, etc.
- Compatibilité – type de peau: pour tous les types, mais idéal pour les peaux normales à sèches
Lécithine de soya
Émulsifiant végétal également utilisé en cuisine pour faire des mousses et des pains, dans les crèmes on l’utilise surtout comme co-émulsifiant. La lécithine est présente dans de nombreux aliments, tels que les graines de soya et de tournesol et les œufs. Son utilisation colore les crèmes d’un doux jaune.
Utilisée comme co-émulsifiant dans les préparations avec un fort pourcentage de phase huileuse, elle stabilise les émulsions. Dans le commerce, on la retrouve facilement en version végétalienne et sans OGM; on choisit de préférence les grades alimentaires. C’est un additif qui a également des vertus émollientes, recherchées pour les peaux sèches et sensibles, mais attention: certaines personnes y sont allergiques.
Lorsqu’utilisée en co-émulsifiant, la lécithine de soya comptera pour environ 3% du mélange (ajoutée à la phase huileuse dans le bain-marie). Elle raffermit un peu l’émulsion, donne un toucher plus soyeux et adoucit la peau.
- Sa solubilité: dans l’huile
- Pourcentage à utiliser: environ 3% comme co-émulsifiant
- Point de fusion (température à laquelle l’émulsifiant fond): liquide à température ambiante
- Masse volumique: 100g/100ml
- Compatibilité avec les additifs (selon vos usages): compatible avec extrait de pépins de pamplemousse et autres conservateurs tels que Cosgard, Naticide, Leucidal, etc.
- Compatibilité – type de peau: pour tous les types, mais idéale pour les peaux sensibles et sèches
Gomme xanthane (gélificateur)
La gomme xanthane est utilisée comme gélificateur. Elle s’utilise seule avec la phase aqueuse ou mélangée avec la phase aqueuse dans des émulsions. Elle produit de beaux gels transparents. Pour les crèmes, elle sera utile pour stabiliser les mélanges fortement aqueux, où elle stabilisera en donnant une texture de gel à nos mélanges. Elle ajoute des propriétés hydratantes et rafraîchissantes, mais ne pénètre pas beaucoup la peau. Attention: la poudre ne doit pas être inhalée et peut irriter les yeux.
On mélange la gomme xanthane, de préférence à la phase aqueuse (on peut faire le mélange à chaud ou à froid), puis on mélange les phases huileuse et aqueuse comme décrit ci-haut. La gomme xanthane est très facile d’usage. J’ai même eu du succès à l’utiliser après l’émulsion dans un mélange dont la consistance était trop fluide, ou une émulsion ratée: 1 à 2% de xanthane et hop! le mélange s’est solidifié.
- Sa solubilité: dans l’eau, mais fonctionne aussi dans les émulsions trop liquides
- Pourcentage à utiliser: pour une crème, environ 0,5 % à 1%; pour un gel, 1 à 2% du mélange
- Masse volumique: 42g/100ml
- Compatibilité avec les additifs (selon vos usages): compatible et testé avec Cosgard, cire d’abeille et la plupart des cires émulsifiantes. Non compatible avec extrait de pépins de pamplemousse et Naticide
- Compatibilité – type de peau: gel rafraîchissant, peau grasse
- Si vous voulez un gel clair (sans bulles), il faut le mélanger à la spatule
- Il ne sert à rien d’en mettre plus de 2%: à ce pourcentage, le mélange est déjà saturé
Ingrédients « autres » – pour améliorer la conservation
On ajoute ces ingrédients lorsque l’émulsion est stable et refroidie, en utilisant un fouet. Il faut généralement vérifier si ceux-ci ont modifié le pH de la crème (avec une bandelette).
Conservateur Cosgard
Conservateur d’origine synthétique, mais dont l’utilisation est approuvée pour des produits Écocert. C’est un antibactérien et un antifongique. On l’utilise pour augmenter la conservation des produits d’utilisation externe contenant de l’eau (lait, crème, shampoing, démaquillant, etc.). Attention: il est potentiellement allergisant et il peut alcaliniser vos préparations. Pour un maximum d’efficacité, assurez-vous que le pH de vos émulsions soit ≤7.
- Sa solubilité: dans l’eau et l’alcool; on peut le mettre dans l’émulsion également
- Pourcentage à utiliser: 0,6%
- Masse volumique: 1,05g/ml
- Compatibilité avec les émulsifiants et autres additifs: excellente
- Compatibilité – type de peau: non compatible avec les peaux très sensibles
Extrait de pépins de pamplemousse (EPP)
Conservateur naturel aux vertus antibactériennes et, dans une certaine mesure, antifongique et anti-moisissure. Il est plus naturel, mais moins efficace que le Cosgard. De plus, les produits que vous retrouverez sur le marché ont des concentrations variables (et donc des efficacités variables). Pour vos produits cosmétiques, préférez les très grandes concentrations (les produits en magasin naturel recommandés pour usage interne sont moins concentrés, donc peu efficaces pour la conservation des émulsions). On utilise l’EPP pour les produits à consommation rapide (1 à 3 mois). Notez que l’EPP a tendance à acidifier les préparations et pourrait être allergène pour certaines personnes. Bien que son action antibactérienne soit démontrée, il n’augmente pas de façon significative la conservation des produits.
- Sa solubilité: dans l’eau
- Pourcentage à utiliser: 0,6%
- Masse volumique: 1,1g/ml
- Compatibilité avec les émulsifiants et autres additifs: très bonne, mais non compatible avec la gomme xanthane
- Compatibilité – type de peau: compatible avec tous les types de peau (sauf si allergie)
Conservation d’une crème
Sans ajout de conservateur, la crème se conserve généralement 1 mois au frais, parfois plus dans des conditions idéales. Il y a deux facteurs principaux qui limitent la durée de vie de vos crèmes:
- Les crèmes contiennent beaucoup d’eau, ce qui est un terrain propice au développement bactériologique et fongique
- L’huile (et les beurres) qu’elles contiennent peuvent rancir
- Mettre ses doigts dans la crème: chaque fois qu’on touche à notre crème avec nos doigts, on ajoute des bactéries qui pourront se développer
Le plus pratique est de faire de petites quantités, ou encore de transférer une petite quantité dans un flacon (avec une cuillère). Dans ce petit pot, conservé à température ambiante, on pourra mettra ses doigts. Alternativement, il faut utiliser des agents conservateurs.
Ingrédients « autres » – pour améliorer la protection solaire d’une crème
Oxyde de zinc
On peut ajouter de 10 à 20% (de la recette) d’oxyde de zinc (ZnO) pour une protection (physique) approximative entre FPS 15 et 20. On l’appelle protection physique, car l’oxyde de zinc ne pénètre pas et agit comme un film entre le soleil et la peau. Ingrédient principal de la calamine, l’oxyde de zinc est très bien toléré par tous les types de peau (y compris les peaux très sensibles et irritées). Il calme les irritations, assainit les peaux acnéiques et est antiprurigineux.
Par contre, il donne un fini blanchâtre à la peau, plus ou moins important selon le ratio utilisé. On peut même l’utiliser à ratio important (par exemple 25%) pour faire du maquillage blanc.
Prenez soin de vous… Assurez-vous que votre oxyde de zinc ne contient pas de nanoparticules.
Pour vous assurer que l’oxyde de zinc est dispersé de façon homogène, ajoutez-le à la phase aqueuse avant de faire l’émulsion.
Ingrédients « autres » – thérapeutiques
Les huiles essentielles
Il peut être intéressant d’ajouter des huiles essentielles pour leurs propriétés. Il faut prendre conscience que celles-ci (quand elles sont de qualité) demandent une grande quantité de végétaux pour leur fabrication; ce sont des composés actifs très puissants.
Prenez soin de vous… les huiles essentielles sont naturelles, mais elles sont puissantes.
Il faut bien s’assurer que l’huile est appropriée pour un usage topique et vérifier si elle a des contre-indications. Un grand nombre d’huiles essentielles ne sont pas recommandées pour les femmes enceintes; certaines sont dermocaustiques (irritantes pour la peau); d’autres sont photosensibilisantes (rendent la peau sensible au soleil) ou allergisantes. Bref, elles ne font pas qu’ajouter une bonne odeur. Elles contiennent des composés actifs puissants et dispendieux sur lesquels vous devez vous renseigner avant l’utilisation.
Évitez les huiles essentielles synthétiques, dont l’innocuité n’a pas été testée.
Quelques huiles naturelles intéressantes: hélichryse italienne, fragonia, rose, camomille romaine (allergène pour certains), bois de Hô, arbre à thé.
On évite l’usage d’huiles essentielles pour des crèmes utilisées autour ou sur les yeux.
- Leur solubilité: dans l’huile et l’alcool
- Pourcentage à utiliser: 0,1 à 1% pour les soins du visage, jusqu’à 3% pour le reste du corps. On peut augmenter les doses pour des effets thérapeutiques; utilisez des références spécialisées pour les huiles essentielles thérapeutiques
- Masse volumique: environ 0,9g/ml
- Compatibilité avec les émulsifiants et autres additifs: compatible avec ma cire émulsifiante ou la cire d’abeille
- Compatibilité – type de peau: varie selon l’huile sélectionnée
Sélectionner les meilleures plantes pour les crèmes
On a vu, dans les ingrédients des phases aqueuse et huileuse, les transformations possibles pour incorporer les plantes dans vos crèmes. Il faut maintenant sélectionner les plantes selon leurs propriétés respectives, mais aussi selon l’usage que vous voulez faire de ces crèmes.
Préparez de petites quantités de crème à la fois
Je sais, ce n’est pas vraiment plus demandant de faire 1 litre de crème que d’en faire 30ml. Il peut donc être tentant d’en faire beaucoup à la fois. Mais alors il faut:
- Être sûr de soi (on en jette beaucoup si on manque l’émulsion)
- Ajouter des agents de conservation
- Faire une crème plus polyvalente que celle du moment
- Entreposer ses crèmes au frigo et en transférer une partie dans des petits pots au fur et à mesure
De mon côté, je préfère m’amuser à faire la crème du moment en mini quantité (30 à 50g). Je peux y aller avec de la fantaisie, essayer plein d’huiles et de macérations et différentes textures selon la saison et les besoins du moment. Faire une crème me prend environ 10 minutes. Et si je la rate, j’aurai appris de mon expérience à faible coût.
Si vous ne faites qu’une crème de temps en temps, il vaut parfois mieux faire de plus grandes quantités, épargner sur les outils pour préparer des quantités mini et partager vos créations avec vos ami-e-s.
Les bons outils pour préparer des quantités mini
Je partage ici des liens (non affiliés) pour des produits que j’utilise. Ce ne sont que des exemples, mais je préfère parler de ce que j’ai personnellement utilisé.
Insert bain-marie (aussi appelé marmite à chocolat)
Super pratique, stable, il s’ajuste sur les petites et moyennes casseroles et donne un petit contenant permettant de bien mélanger même de petites quantités. Je l’utilise pour faire fondre mes ingrédients de la phase huileuse lorsque je fais de petites quantités. Recherchez des modèles en acier inoxydable, avec crochet d’accrochage et bec verseur.
Avant d’acheter cet insert, je travaillais avec de petits bechers de vitre que je laissais au fond de ma casserole. Il faut faire attention que le fond ne soit pas trop chaud, mais ça fonctionne.
Il y a bien sûr le bain-marie traditionnel avec un cul-de-poule (en verre ou en inox) déposé sur une casserole, mais celui-ci fonctionne mieux pour de plus grosses quantités (à partir de 100g).
Balance précise au 0,01g
Alternativement, il est possible de prendre un jeu de mini cuillères (et passer par les masses volumiques). Mais honnêtement, en herboristerie on fonctionne presque toujours avec des proportions basées sur le poids. C’est tellement plus simple de mettre les proportions recherchées dans un tableau, d’identifier la quantité totale, de calculer les masses de chaque ingrédient et de simplement utiliser sa balance.
Si vous ne faites pas de micro doses, une balance précise au 0,1g est suffisante; mais tant qu’à acheter une nouvelle balance, achetez-en une plus précise qui répondra à vos besoins actuels et futurs.
Mini-fouet électrique
C’est vrai qu’il ne paie pas de mine. D’ailleurs, les critiques de ce modèle ne sont pas très bonnes sur la plupart des sites. On déplore la facture de faible qualité. Considérant son faible coût (il coûte environ 13$ ou 8€), je lui pardonne son allure; le mien fonctionne de façon impeccable depuis plus d’un an (et plus de 200 préparations en format mini). J’utilise essentiellement la défloculeuse (la petite hélice en métal installée sur la photo) pour les mini quantités (environ 30g). Pour les quantités midi (40 à 100g), j’utilise la petite hélice. Un mousseur à lait peut également fonctionner, mais vous devrez bien le nettoyer avant de passer d’un usage cosmétique à un usage alimentaire.
Il y a aussi des mini-fouets qui permettent de battre les émulsions à la main. C’est moins cher (environ 2$ ou 1€) et ça fonctionne bien (surtout si vous ne faites pas vos 80 émulsions dans la même semaine).
Si vous faites de plus grandes quantités, vous pourrez les remplacer par un mousseur à lait, ou un mélangeur à main.
Pipette, compte-gouttes ou seringue
Il est très difficile de verser les ingrédients liquides au 0,1g près sans l’un de ces instruments. Comme ils sont relativement longs à aseptiser, il faut, idéalement, un compte-gouttes par ingrédient liquide. Personnellement, j’utilise les compte-gouttes de mes bouteilles à teinture non utilisées. Cela m’évite d’acheter des outils additionnels. Si vous comptez mettre votre crème dans des tubes, vous aurez besoin d’une seringue; pourquoi alors ne pas l’utiliser pour mesurer un des ingrédients. Bref, utilisez ce que vous avez à votre disposition.
Autres outils
Languette / bandelette pour tester le pH
Les huiles, la cire d’abeille et les cires émulsifiantes sont généralement adaptées au pH de la peau et vous n’avez pas besoin de mesurer le pH de vos préparations. Pour moi, ce sont les agents conservateurs (le Cosgar, l’extrait de pépins de pamplemousse) qui parfois jouent des tours. Pour éviter de créer des crèmes irritantes, on veut des préparations dont le pH est approximativement – 5,5. On peut acidifier ou alcaliniser une émulsion en utilisant de l’acide citrique ou du bicarbonate de soude (en mini quantité).
Crédit photo
Page titre: M. Krohn
Photos de crèmes, graphiques et outils: Michel Leduc et Audray Pepin
Compte-gouttes: Erin Hinterland
Avertissement
En cas de troubles importants ou de maladies chroniques, consultez un médecin.
Il est dangereux de faire son propre diagnostic et de pratiquer l’automédication.
Sauf indication spécifique, les usages décrits sont pour les plantes et ne sont pas applicables aux huiles essentielles.
Avant de consommer une plante: s’assurer de bien l’identifier et toujours lire la notice « Précautions et interactions avec les médicaments » dans les fiches plantes associées.
Les posologies sont données à titre indicatif et sauf précision contraire elles sont adaptées à l’adulte.
Malgré tout le soin apporté à la rédaction de l’article, une erreur aurait pu s’y glisser. Nous ne saurions être tenus responsables de ses conséquences ou d’une interprétation erronée, car, rappelons-le, aucun article ne peut remplacer l’avis du médecin. Pour plus d’informations sur l’utilisation sécuritaire des plantes, lire: Utilisation sécuritaire des végétaux comme alliés de votre santé.
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