Angélique ou ode au dévouement extrême

Angélique officinale (Angelica archangelica L.)
L’angélique est une herbacée vigoureuse qui peut dépasser les 2m dans de bonne condition

L’angélique est une bisannuelle qui, la 2e année, se transforme en un colosse qui, dans ma cour arrière protégée, atteint 2,2m de hauteur. Toujours cette 2e année, la plante a une floraison qui rappelle un feu d’artifice… Une fois fécondées, les fleurs produiront des graines très aromatiques. Si ce sont les racines de la première année qui sont utilisées pour leurs vertus médicinales, toute la plante est comestible et fortement aromatique. Autrefois, on la faisait confire pour profiter de sa puissance aromatique. Bref, une plante à la fois majestueuse et très généreuse.

Angélique officinale (Angelica archangelica L.)
Angélique dont le feuillage a été complètement mangée par un animal qui est toute petite et malgré tout produit des fleurs

Or, j’ai aussi des plants d’angélique dans mon jardin en feuille, entre ma maison et celle du voisin. Ce jardin n’est aucunement protégé et il y a un animal, je ne sais trop lequel, peut-être la moufette du voisin, les lièvres du parc en face ou la marmotte qui vient occasionnellement nous visiter… Quoiqu’il en soit, le gourmet gourmand a mangé à 2 reprises toutes les feuilles des 3 plants du jardin. Les feuilles sont nécessaires à la plante pour produire par la photosynthèse l’énergie qui lui est nécessaire. Produire des feuilles alors qu’elle a perdu toutes les siennes lui demande de puiser dans ses réserves. Si bien que les 3 plants sont restés nains… à peine 45cm pour le plus grand.

Bien que les plantes n’aient même pas atteint le quart de leur grandeur, ces courageuses angéliques ont malgré tout entrepris de produire des graines, d’accomplir le cycle complet et de permettre à la vie de se perpétuer. Comme vous vous en doutez probablement, produire des graines (enfanter en quelque sorte) fait partie des activités les plus énergivores que peuvent accomplir les plantes. Ces angéliques naines, affamées et épuisées, puisent dans leurs derniers retranchements d’énergie pour permettre à la vie de continuer.

Lorsque je les vois si vaillantes, si dévouées au bord du gouffre, qui continuent à servir la vie, je pense à plusieurs professions (trop souvent à forte majorité féminine) où l’on parle de dévotion avec admiration comme pour nous absoudre de changer leurs conditions alors que l’épuisement et le burn-out atteignent des taux record. On les oblige à continuer de s’épuiser avec dévouement parce qu’on ne sait pas faire sans elles, mais on oublie à moyen terme de reconnaître qu’elles mettent leur santé en danger pour servir la vie et la communauté.

Si vous voulez découvrir gustativement l’angélique je vous propose cette recette de sorbet angélique rhubarbe disponible sur mon blog.

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