Prendre soin des végétaux en attendant la récolte

Prendre soin des végétaux en attendant les récoltes (chronique n°5) 

Bonjour à tous, je suis heureux de vous retrouver pour ce 5e épisode de ma chronique d’un potager en bacs. Ça y est, la majorité des bacs sont semés ou plantés. Et il va maintenant falloir prendre soin des végétaux si nous voulons récolter. Je vous propose de commencer par parcourir ensemble ce qu’il faut surveiller pour que vous puissiez établir votre propre suivi, puis de réaliser les étapes détaillées que nous propose l’application.  

Bon alors, maintenant que j’ai planté, que dois-je surveiller ? 

La plante, en grandissant, passe par plusieurs étapes de développement qui nécessitent (ou pas) des interventions différentes.  

Ces étapes de croissance appelées aussi stades phénologiques sont référencées et permettent d’indiquer ou de préconiser les interventions à un stade précis de la vie de la plante, indépendamment des différences temporelles liées aux climats. Connaître ces étapes clefs de la croissance des végétaux permet de mieux en prendre soin.

On retrouve ces stades illustrés en planches dans la littérature. 

Par exemple, ces magnifiques planches sur les stades phénologiques du framboisier, éditées par le Centre Technique Interprofessionnel des Fruits et Légumes (Ctifl) et que vous pouvez vous procurer ici

Cliquez sur les images pour les agrandir

Petit jeu

3 stades phénologiques sur le même bouquet de framboises
Retrouvez les bonnes lettres des stades phénologiques de la photo.

Selon les planches illustrées des stades phénologiques du framboisier ci-dessus, pouvez-vous retrouver, sur cette photo prise le 14 mai dernier au jardin, quels sont les 3 stades différents? (solution en fin d’article)

Pour une bonne surveillance, comment procéder ? 

Bien évidemment, plus on y passe du temps, plus on a de chances de repérer des problèmes; et plus on les repère tôt, plus facilement on pourra les régler. Néanmoins, prendre soin des végétaux ne doit pas vous faire tomber dans l’excès inverse au point que le jardin devienne une source de stress permanente. Je vous propose donc de laisser tomber cette notion de surveillance, pour la remplacer par une promenade avec attention.  

C’est pour ma part ce que je fais tous les matins et souvent le soir, mais chacun y met la régularité qu’il veut où qu’il peut.

Souvent, je fais ce tour tout seul, car l’attention et l’intention ne sont pas les mêmes qu’à 2 ou qu’à plusieurs. Et j’emporte avec moi mon appareil photo, pour partager avec vous, mais aussi d’abord avec moi ce que j’ai repéré. 

astuces

De l’utilisation du smartphone au jardin ?

Icône prise de note
Prise de note vocale dans tisane et jardin
Prise de note vocale de tisane et jardin

Certains d’entre nous pourraient s’énerver du fait d’amener des ondes, de la technologie et toute la symbolique autour de cet objet portable dans ce havre de paix et de nature préservée qu’est le jardin. Mais je ne suis pas pour brûler tout de suite les hérétiques profanateurs du sanctuaire nature. Ma philosophie est plutôt d’en réduire momentanément les utilisations à la prise de photos ou de notes, et à bannir, le temps de la promenade, les sonneries et les conversations. Tisane et jardin propose depuis peu, à ce propos, la possibilité de prendre des notes vocales. 

Une fois que vous êtes bien équipé, commençons par bien respirer, et ralentir un peu. Débrancher son cerveau, car pendant la promenade, nous n’aurons rien à comprendre, mais plutôt à voir, à sentir, à observer et à écouter. Prendre soin des végétaux, c’est aussi prendre soin de soi.

Allons-y, promenons-nous et voyons ce qu’il se passe.

Sortir de la maison 

Dès le bas des escaliers, je tombe sur un rosier. Ce cerbère de la porte m’accueille avec les honneurs en me proposant ses roses éclatantes et leur odeur sucrée. 

D’abord, je me délecte de cet accueil chaleureux,

Puis je remarque quand même que certaines feuilles sont trouées…

Sûrement une chenille ou un autre mangeur de feuilles…

Je prends donc une photo pour surveiller les évolutions. Mais en prenant ces photos, je m’aperçois de la présence de quelques pucerons. Pas de panique. À ce stade, c’est plutôt une tentative d’installation qu’une véritable infestation. Et les écraser entre mes doigts devrait suffire à régler le problème. Cela m’alerte néanmoins à vérifier dans les prochains jours s’ils sont toujours là… surtout avec cette météo chaude et humide.

Et même, s’il le faut, pour prendre soin de mes végétaux, je suis prêt à dégainer les recettes de tisane et jardin.

Prenons le temps de voir comment faire

Cliquez sur les images pour retrouver la page de tisane et jardin

Descendre au jardin  

Descendons au jardin ensemble
  1. Tiens, avec les dernières pluies, les herbes tout autour ont bien poussé, allons y jeter un œil. 
  1. Ah chouette, les carottes ont bien germé, houlà, ça m’a l’air quand même un peu serré. 
  1. Ne seraient-ce pas les premières fleurs de tomates que j’aperçois? J’espère qu’elles vont se polliniser. 

Allons voir tout ça de plus près !  

Les adventices (ou “mauvaises herbes”)

Elles accueillent elles aussi des ravageurs. Mon postulat est que ces ravageurs sont souvent à leur tour de la nourriture pour d’autres insectes. Et que tant qu’il y a peu de risques de transmission aux cultures… on peut les laisser tranquilles, comme support de développement à la biodiversité. 

Les carottes

Elles ont mieux germé que prévu, il va falloir penser à éclaircir. 

Les pollinisateurs 

Les fleurs sont offertes aux pollinisateurs. Comment être sur que le boulot soit fait ? 

9 plantes à fleurs sur 10 n‘existeraient pas si à la génération précédente, un insecte ne les avait pas pollinisées. 

Ou par exemple, laisser le lierre se développer : il hébergera en retour une grande variété de pollinisateurs. 

Les insectes sont indispensables pour la quantité de notre alimentation, mais aussi pour sa qualité. Pour nourrir les Humains, il faut protéger la biodiversité. 

On peut agir à tous les niveaux, favoriser une flore locale, laisser le bois mort se décomposer, et ne pas utiliser de produits chimiques.  Prendre soin de nos végétaux, c’est aussi prendre soin de la nature qui les entoure.

Enlever les gourmands des tomates ? 

La suppression des gourmands, également connue sous le nom d’ébourgeonnage, suscite chaque année un débat idéologique profond… dépassant largement le niveau qu’il devrait avoir sur cette méthode qui consiste à éliminer les nouvelles pousses qui se forment sur les plants de tomates et que l’on appelle communément “gourmands”.   

C’est en fait un abus de langage, car si l’on prend la définition du Larousse, le gourmand, outre son sens d’amateur des bonnes choses est un : “Rameau d’arbre fruitier ou de vigne issu de bourgeons latents porté par du vieux bois et qui ne donne pas de fruits.”  

Or, la tomate n’est ni un arbre fruitier ni de la vigne, et les pousses dont nous parlons ici font des fleurs et portent des fruits. Voilà déjà 2 raisons qui prouvent qu’on parle à tort de “gourmands” et qu’on devrait plutôt parler de tiges secondaires.  

Et la seule raison valable pour laquelle on peut prendre le risque de les enlever (rappelons ici que comme pour nous, chaque incision ou plaie peut être une entrée potentielle dans l’organisme pour des virus, microbes et autres bactéries – donc si l’opération est nécessaire, prenez vos précautions en désinfectant le matériel et en agissant dans des conditions favorables) est la facilité de palissage. En effet, si vous laissez ces tiges secondaires se développer, il faudra les palisser, au risque qu’elles ne se cassent sous le poids de leurs fruits, ce qui sera impossible avec un simple piquet, mais nécessitera plutôt un filet, un grillage ou une treille.  

La question d’enlever ou non ces tiges secondaires se résume donc simplement à la technique de palissage que vous souhaitez employer: 
  • Sur piquet ou support unique, enlevez les gourmands. La plante va monter droit et donner moins de fruits, mais de calibre un peu plus gros. Vous pouvez donc serrer un peu plus vos plants, mais soyez vigilants à la transmission des ravageurs et maladies. 
  • Sur filet, grillage ou cage, laissez les gourmands. La plante va buissonner et monter moins haut et donner plus de fruits, de calibre un peu plus petit. Laissez donc plus d’espace entre chacun des plants. 

Donc, dans un mètre carré, est-ce qu’il vaut mieux avoir un plant buissonnant, ou deux sur piquets ? 

À défaut de conclusion scientifiquement mesurée, il vaut mieux être correctement informé des enjeux et décider soi-même !  

Personnellement, comme je palisse sur piquets, j’enlève les gourmands jusqu’à l’apparition du 7e bouquet floral (qui, lui, donnera chez moi des tomates vers la fin octobre, donc les bouquets d’après seront stoppés par le gel). 

Il existe des tomates à cultiver à plat

Tomate Banana Legs
Tomate Roma striée

La Roma striée ou la Banana Legs. Ces tomates se cultivent sans aucun palissage, en les laissant au sol. La plante se développe sous la forme d’un buisson et ne nécessite pas de taille. Les fruits ont néanmoins la peau un peu plus épaisse, mais une chair dense et ferme qui en fait d’excellentes tomates à sauce. 

Surveiller les floraisons 

Tout fruit commence par une fleur. Apprenez à observer les différentes étapes de sa transformation:

Suivre la formation des fruits 

Sur les courgettes par exemple, la formation des fruits peut se repérer très tôt, et se suivre au fil de la croissance: 

Repérer la présence d’insectes 

En voulant regarder sous les feuilles de mes navets, j’aperçois tout d’un coup un envol de petits moucherons blancs: 

repérer les insectes pour bien prendre soin des végétaux
Des petits moucherons blancs s’envolent au passage de la main.

Je patiente pour qu’ils se posent à nouveau et je dégaine le zoom: 

Retournons sur tisane et jardin voir s’il y a quelques infos

Individus identifiés: nous sommes en présence de quelques aleurodes. D’après les recommandations, une aspersion de savon noir devrait éviter les problèmes.

Et notre promenade matinale se termine ici, j’espère qu’elle vous aura plu.

En guise de conclusion, retenons qu’avec de la régularité et un peu de curiosité, prendre soin des végétaux n’est pas si compliqué. La plupart des problèmes trouvent leur solution et les détecter au plus tôt facilite les actions de correction. 

Alors, baladez-vous et profitez bien de votre jardin, observez, sentez, et plongez à bras ouverts dans la vie foisonnante de ce petit univers. 

Et retrouvons-nous bientôt pour l’épisode 6 de cette chronique d’un potager en bacs pour aborder, je l’espère, les premières récoltes.

Solution du jeu des stades phénologiques du framboisier: de gauche à droite, les stades H ; E; et I 

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