Avec l’arrivée de la belle saison, j’aime déménager mon bureau (qui est normalement au sous-sol) dans mon jardin. C’est un décor merveilleux, mais l’ergonomie laisse à désirer. Ainsi, je me suis retrouvé avec, je ne suis pas certaine, une tendinite, une inflammation du tunnel carpien, allez savoir, mais cela élançait des doigts à l’épaule, rendant le travail pénible et le sommeil difficile. Après 24h de souffrance, j’ai décidé de me concocter une compresse anti-inflammatoire en me promettant d’aller consulter un médecin si la douleur persistait. Je suis allée me coucher, j’ai bien dormi et au réveil, malgré une fragilité résiduelle, l’élancement était parti. J’ai renouvelé ma compresse et 24h plus tard, plus de douleur. Il n’y a pas de remède miracle qui fonctionne pour tout le monde, mais je crois que cette solution naturelle pourrait améliorer le confort de certains lecteurs. C’est pourquoi je partage avec vous ma recette de compresse anti-inflammatoire.
Quelques définitions
Il y a plusieurs types de préparations et plusieurs façons d’utiliser les plantes en externe. On peut facilement s’y perdre avec tous ces termes techniques, que je clarifie ici pour vous!
Cataplasme
Un cataplasme est une préparation faite de plantes médicinales légèrement chauffée à la vapeur, ou encore mâchouillée ou écrasée, puis appliquée soit directement sur la peau ou entre 2 épaisseurs de tissu.
Compresse
La compresse est l’application d’un tissu imbibé d’une préparation à base de plantes médicinales, le plus souvent infusion, décoction ou macération huileuse, sur la peau.
Liniment
Le liniment est une préparation de plantes médicinales liquide (huile, macération huileuse, infusion, concentré liquide) avec laquelle on badigeonne la peau.
Macération huileuse
La macération huileuse est une transformation de plantes médicinales, où l’on a mis la plante en contact avec un solvant huileux pour en extraire les principes actifs.
Onguent
Un onguent est une préparation médicinale faite d’huile ou de macération huileuse à laquelle on a ajouté une certaine quantité de cire d’abeille pour lui donner une texture plus solide, permettant par exemple l’usage en bâtonnet.
Cérat
Un cérat est en réalité un type d’onguent qui contient beaucoup de cire d’abeille. Les cérats vont donc plus facilement conserver une forme solide en été, lorsque la température ambiante est plus chaude, et auront un meilleur effet protecteur.
Créer la préparation pour imbiber la compresse anti-inflammatoire
Ingrédients
- 1/3 de tasse d’huile de ricin
- 1/3 de tasse de macération huileuse d’arnica (Arnica montana)
- 1/3 de tasse de macération huileuse de piment de cayenne (Capsicum annuum)
- 1/2 piment de Cayenne réduit en poudre*
- 25 gouttes d’huile essentielle de gaulthérie couchée (Gaultheria procumbens)**
- 25 gouttes d’huile essentielle de lavande vraie (Lavandula angustifolia)**
*Note : le piment en poudre est optionnel et peut devenir irritant. Il faut le doser selon votre sensibilité.
** Ici aussi, je propose des quantités relativement élevées : si vous avez l’odorat sensible, vous pourriez trouver l’odeur irritante pour vos poumons. Comme toujours, il est plus facile de mettre moins d’huile essentielle et au renouvellement, d’augmenter la proportion.
Instructions
Mélangez tous les ingrédients
Faire les macérations
Dans mon cas, ce liniment a été très simple à faire parce que j’avais déjà les macérations préparées. Les macérations d’arnica et de piment sont très utiles et chaque année, j’en produis de nouvelles que je garde au réfrigérateur.
Si vous cultivez ou avez accès aux plantes, ces macérations sont très faciles à produire.
Pour la macération d’arnica, j’utilise la fleur fraîche. Pour celle du piment de Cayenne, je prends le plus fort de mes piments (même si c’est un C. Chinensis), car le principal composé actif est la capsaïcine, qui est également responsable du goût piquant. Donc, plus votre piment est fort, plus il est médicinal. On utilise le piment entier (incluant les graines, qui ont la plus forte concentration de capsaïcine) et de préférence séché.
Faire une macération huileuse est assez facile. En principe, on laisse macérer la plante dans l’huile et on mélange journalièrement. Mais si vous n’avez pas l’habitude d’en faire, je vous conseille de lire mon article sur le sujet, qui donne tous les petits trucs, notamment de ne pas fermer hermétiquement les macérations faites de plantes fraîches.
Peut-on les acheter du commerce ? Oui, on peut en trouver chez les herboristes et les magasins d’herboristerie (j’ai mis plus haut des hyperliens pour commander certains produits chez les Âmes fleurs) et de produits naturels. On trouve de très bons produits pour usage externe. Méfiez-vous cependant des huiles alimentaires, surtout celles qui ont des arômes artificiels. Les huiles alimentaires ont des impératifs différents de nos macérations qui ne sont utilisées qu’en externe. Personnellement, les huiles alimentaires que j’ai achetées pour me dépanner quand je n’avais pas le temps de produire mes propres macérations m’ont toutes déçue.
Mettre en place la compresse anti-inflammatoire
Imbibez un tissu du liniment. Entourez bien la zone douloureuse du tissu. Utilisez une pellicule de plastique pour maintenir le tissu et au besoin, ajoutez un bandage pour protéger et maintenir le tout en place.
La peau va absorber une partie du liniment : on peut ajouter du liniment après 12 heures.
Utilisation en onguent?
Un onguent est bien plus pratique qu’une compresse, il est moins visible et plus rapide d’application, car il n’implique pas de bandage… Mais il est moins absorbé par la peau. Est-ce à dire qu’il est moins efficace? Non: à chaque préparation son usage. Il serait même plus efficace si on veut créer un film protecteur, mais ici, parce que je veux que les plantes viennent réduire l’inflammation et la douleur des muscles et des tendons sous la peau, la macération huileuse plus visqueuse que l’onguent aura plus de facilité à pénétrer que l’onguent plus solide.
AUTRE CONSEIL
Votre corps vous parle, il vous demande de repenser votre ergonomie et de ralentir. Si vous appliquez la compresse sans rien changer de ces facteurs qui ont causé et maintiennent la condition, il y a de fortes chances que la douleur revienne. De mon côté, pas question de me priver de mon bureau dans le jardin, mais j’ai fait une pause pendant une semaine, puis j’ai utilisé un couvercle de boîte pour me faire une tablette qui me permet d’appuyer mes avant-bras et ainsi réduire la tension. Ce n’est pas joli, ni super pratique pour consulter des ouvrages papier, mais je garde la vue et le chant des oiseaux! Enfin, j’alterne : une journée au sous-sol (de préférence les jours de pluie), et une journée au jardin.