Cet été, mon amoureux (Michel) et moi sommes allés à votre rencontre! Visiter vos jardins, c’est pour nous l’occasion de faire de belles rencontres. Mais ça nous permet aussi de voir différentes façons de faire, de mieux comprendre vos besoins, et de partager des astuces. Cette année, ce qui m’a personnellement le plus touchée c’est que chaque jardin a une personnalité qui lui est propre. Aucun d’entre eux ne ressemble à l’autre.
Je partage avec vous dans cet article mes premières impressions.
Voici, en une phrase pour chacune, le résumé des visites qui vous seront présentées ici :
- Un aménagement ornemental qui donne priorité aux plantes indigènes rares, aux plantes médicinales, tout en produisant une bonne part des repas.
- On atteint presque l’autonomie alimentaire et on teste la carotte en terre acide (en attendant que les plants de bleuets grandissent).
- La ruche Vanier nous présente ses 8 jardins ouverts où la collaboration vient contrer la faim et la malnutrition.
- On entre dans la bulle du chat aux trompettes.
- L’énorme potager du cerf où se comparent les différents avantages du bio intensif, de la permaculture et de la syntropie.
- Partager l’amour des plantes médicinales au jardin collectif de Montarville.
- Potager nouvellement aménagé dans un contexte de rétention d’eau.
- Un petit espace de jardin communautaire optimisé.
Avouez qu’on a été gâtés… restez avec nous pour ce petit résumé de notre tournée à vélo!
Roxanne Papineau : on visite un jardin ornemental qui donne priorité aux plantes indigènes rares, aux plantes médicinales, tout en produisant une bonne part des repas
Beaucoup d’entre nous cherchent à réduire notre part de gazon et s’intéressent aux plantes médicinales et sauvages. Roxanne, de toute évidence, ne fait pas que le souhaiter. Elle le met en place méthodiquement, avec plusieurs recherches pour trouver LA bonne espèce ou variété. Celle qui est indigène, rare, ou qui a telle ou telle qualité qui fait parfois défaut. Ainsi, elle ne dit pas « j’ai de la consoude », mais « j’ai la variété ‘bocking 14’ qui est beaucoup moins invasive! ».
Ici, on fonctionne méthodiquement. Malgré la saison avancée et l’abondance de précipitations qui caractérise la saison, tout est impeccable. On occulte les nouvelles sections à cultiver une année à l’avance. Il reste encore un peu de gazon, un espace pour faire une mare, mais l’aménagement va bon train! Chez elle, la plate-bande gourmande est à l’honneur. On y mélange plantes médicinales, plantes ornementales, plusieurs fruitiers, arbustes et arbres avec les greffes que Roxanne fait elle-même. Et pour terminer le portrait en beauté, des troncs d’arbres coupés à pleurotes et des poules dorlotées dans une cabane 5 étoiles, dernier cri de technologie. Je suis donc repartie avec des bébés plants de groseilles ‘champagne’ et un amélanchier arbustif!
« J’ai créé deux jardins avec l’application. L’un étant l’avancement de mon projet de permacultures, l’autre étant le plan pour mon potager 2023 et mes nombreux smart pots de culture. L’application m’aide beaucoup pour faire une planification réaliste en ajustant les espacements nécessaires au besoin. De plus, comme j’ajoute plusieurs indigènes et médicinales cette année, l’application me guide au fil des semaines pour planifier mes stratifications et mes semis. »
Roxanne Papineau
À la rencontre du jardin de la Famille Morin : on atteint presque l’autonomie alimentaire et on teste la carotte en terre acide (en attendant que les plants de bleuets grandissent)
Samedi matin, sous un couvert nuageux et de fréquentes petites averses, on prend le traversier de Lévis pour aller à la rencontre de Sébastien Morin et sa famille (Julie Turbide, sa conjointe, et sa plus grande fille Julianne). On vient juste de débarquer de nos vélos et on sait qu’on vient d’arriver chez des mordus, des vrais!
Bien que ce ne soit que leur 2e année à cette maison, on voit au fond de la cour le potager s’étaler de toute sa splendeur. Ici, on voit grand : les tomates, il y en a 3 grands rangs et autant de rangées de patates. Ce n’est pas vraiment une question d’économie; c’est surtout une question de qualité de vie et une passion pour le vivant.
Sur leur plan de jardin, il n’est indiqué que 81 espèces. Mais c’est seulement parce qu’ils ont utilisé les fiches plantes génériques, sans marquer le détail de toutes les espèces… Entre collectionneurs, on se reconnaît. Les rangées se suivent, mais ne se ressemblent pas. Chaque espèce est déclinée en plusieurs variétés et cultivars. Juste pour les piments et les poivrons qui se serrent au chaud en bac sur la galerie, plus d’une vingtaine de cultivars poussent dans une joyeuse jungle. Mon coup de cœur : le Biquinho, un piment minuscule avec le bout pointu. On dirait vraiment un piment ultra piquant, mais non. Il est vraiment fruité, avec juste un peu de capsaïcine (qui relève à peine la saveur en fin de bouche). C’est clair que j’en plante l’année prochaine! D’ailleurs, je repars avec quelques spécimens… dont un sera partagé avec Roxanne, alors que l’autre sera conservé précieusement pour ses graines.
Un modèle pour la conservation des légumes et plantes
Autre coup de coeur, l’armoire à fines herbes séchées. Julie Turpide utilise de banals pots Mason, mais ceux-ci sont peinturés de noir pour protéger les plantes de la lumière. Ils sont ensuite étiquetés en lettrage blanc. C’est écologique, pratique, efficace et « design« !
La cave, quant à elle, est aussi impressionnante. Au Québec, l’autonomie alimentaire, cela passe avec les réserves et la conservation. Bientôt s’ajouteront les légumes à longue conservation, mais on voit déjà les rangées de conserves et lactofermentations. Et voilà comment on mange local au Québec sans passer par les énergivores serres en hiver.
Expérience : les carottes sont sensibles au pH de la terre
Cette année, ils ont planté plusieurs bleuetiers et camerises. Pour les bleuets, ils ont acidifié le sol (pH = 6,5) en ajoutant une grande quantité de terreau pour petits fruits et plantes acidophiles (NPK : 0,4-0-0,2) alors qu’ils ont laissé leur sol habituel (pH 7,5) pour les camerises. Les bébés plants ont été plantés en considérant leur espacement à maturité. Ceci a laissé de l’espace de culture entre les plants. Pour l’utiliser, ils ont planté des carottes de la variété : Bolero. Quelle ne fut pas leur surprise de constater que les carottes plantées avec les bleuets poussaient beaucoup plus rapidement, étaient plus dodues (volumineuses) et avaient le même bon goût! Seulement, elles étaient prêtes en 55 jours, soit 15 jours avant la date indiquée par le semencier!
Est-ce qu’on fait un « tisane et jardin lab »?
Avez-vous déjà fait une expérience similaire, est-ce un « adon » ou est-ce répétable? Peut-on utiliser la communauté pour faire différents tests et comparer l’effet du pH de la terre sur la croissance des carottes? Aimeriez-vous l’année prochaine qu’on ajoute un volet « tisane et jardin lab » pour prendre en note vos observations sur le sujet du pH du sol pour la culture des carottes?
Pascale Bouffard et Éléana Crèvecoeur de la Ruche Vanier : 8 jardins ouverts où la collaboration vient contrer la faim et la malnutrition
Coup de cœur pour notre arrivée à Québec! La Ruche Vanier est un organisme dont la mission « est de favoriser l’amélioration de la qualité de vie et le développement du pouvoir d’agir des citoyens et citoyennes de Vanier et d’abord des personnes et des familles en situation de pauvreté et d’exclusion sociale. »
Pour y arriver, il y a une cuisine pour préparer des petits plats ou apprendre à cuisiner, une épicerie à prix modique (mais avec des produits frais et de qualité), une librairie de semences (apparemment, le nom grainothèque fait sourciller à Québec 😊), mais pour ce qui nous concerne cela passe aussi par 8 jardins ouverts. C’est-à-dire où on mobilise les citoyens sans les obliger à s’engager pour toute la saison.
Quel plaisir de voir comment l’application tisane et jardin a aidé l’équipe à s’organiser et à communiquer les tâches à faire… En voyant leur cartable, on (tisane et jardin) est vraiment motivé à développer aussi l’impression du calendrier. Ça a juste tellement de sens dans leur contexte. Vous êtes tellement inspirantes avec votre grand sourire, vos manières engageantes et votre désir d’inclure tout le monde!
Chaque jardin a son environnement: on collabore avec des écoles. Une entreprise s’engage à cultiver pour la communauté. Un centre de personnes âgées s’active et fait du jardinage avec ses visiteurs. Bref, toutes les parcelles ont leur histoire, que vous découvrirez bientôt dans une entrevue sur le projet!
Éric Bourdon : l’énorme potager du cerf où se comparent les différents avantages du bio intensif, de la permaculture et de la syntropie
Pour avoir déjà jasé avec Éric quelques fois (il a participé à plusieurs de nos cours) je savais que j’allais voir tout un jardin!
Botaniste de formation, Éric a fait pendant une dizaine d’années l’élevage du cerf, pour maintenant se passionner pour la syntropie…
C’est quoi la syntropie? C’est l’envers de l’entropie! Bref, on crée un écosystème qui se régule, se nourrit et se bonifie de lui-même, pour devenir de plus en plus performant avec de moins en moins d’effort. Il désire que sa terre, le jardin du cerf, fasse école pour pouvoir bien comparer les avantages des 3 différents systèmes de cultures maraîchères : le bio intensif, la permaculture et la syntropie.
Sur sa terre qui n’est maintenue que par 2 personnes et demie, c’est étonnant toute la production qui y grandit dans une joyeuse cohabitation. Vous trouverez plusieurs fruitiers, beaucoup de légumes, mais aussi nombre de plantes médicinales et de fleurs ornementales pour les pollinisateurs. Moi qui peine toujours à produire assez de matière pour couvrir mon sol, j’ai trouvé mon maître. Éric n’a clairement pas ce souci : ici, il y a de la biomasse partout!
Le maraîchage bio-intensif, la permaculture et la syntropie réunis sur une terre… C’est un projet ambitieux et passionnant, que je vous inviterai bientôt à découvrir plus en profondeur dans une interview dédiée.
Olga Bosak : on entre dans la bulle du chat aux trompettes
Je suis arrivée au chat aux trompettes, petite maison de banlieue, après la présentation du jardin collectif de Montarville. J’étais un peu fatiguée, affamée et il faisait un temps froid, pluvieux ou incertain. J’ai puisé dans mes réserves pour honorer mon programme. J’ai poussé la porte du jardin et je suis arrivée dans un autre espace-temps. Une bulle où je n’étais plus fatiguée, mais légère et émerveillée comme une petite fille. Olga, avec beaucoup d’amour et de créativité, a créé au fil des ans un véritable paradis alimentaire de biodiversité. Si vous êtes dans le processus d’enlever votre gazon, de cultiver une plus grande part de votre alimentation et de cultiver les plantes médicinales, mais que vous tenez à avoir quelque chose d’esthétique, et bien Olga est la preuve que c’est tout à fait possible! Ici aussi, je vous donne tous les détails dans une entrevue dédiée qui suivra bientôt!
Partager l’amour des plantes médicinales au jardin collectif de Montarville
Le jardin collectif de Montarville est le fruit d’une belle collectivité. Le jardin est très grand, avec une belle productivité. On y retrouve un beau mélange de plantes potagères et médicinales, ainsi que des jardiniers d’expérience, des débutants et d’autres passionnées des plantes médicinales. On m’a demandé d’y faire une présentation et une visite de jardin, histoire de mieux faire connaître à la communauté le potentiel des plantes médicinales qu’ils ont sous la main. Que j’ai eu du plaisir! C’est dommage que la pluie soit venue nous rappeler à l’ordre dans ce bel environnement si diversifié et si inspirant. J’espère avoir motivé la communauté à prendre la pleine mesure du trésor qu’ils ont créé.
Jessica Michaud : un potager nouvellement aménagé dans un contexte de rétention d’eau
Jessica Michaud est une habituée du potager. Mais lorsqu’elle a emménagé dans sa nouvelle maison l’an dernier, elle ne se doutait pas que son terrain, fortement glaiseux, allait si bien retenir l’eau. Cette année avec les nombreuses pluies, son système de potager surélevé a été mis à rude épreuve. Qu’à cela ne tienne, les récoltes sont abondantes, mais un système supplémentaire de drainage est envisagé pour les prochaines années. Après tout, Jessica en tant qu’experte des sinistres écologiques sait bien que la météo, aidée par le réchauffement climatique, n’en est pas à ses dernières surprises.
« J’ai découvert votre plateforme récemment et c’est tellement facile à utiliser que j’ai réussi à créer mon plan en moins d’une heure. Je l’ai trouvée utile aussi pour prévoir l’espace nécessaire pour chaque type de plant. » – Jessica Michaud
Hugo Boivin : un petit espace de jardin communautaire optimisé
Et on finit par notre première visite… On a commencé notre tournée, tout près de chez nous à Montréal, dans un jardin communautaire où Hugo Boivin nous a accueillis avant de descendre à Val-David à vélo. Pour Hugo, la plateforme tisane et jardin lui a permis d’optimiser sa petite surface et de profiter au maximum du jardin. C’est aussi l’occasion de donner une deuxième utilité à son avoine. Celle-ci est premièrement utilisée comme engrais vert, mais aussi pour des tisanes nourrissantes pour le système nerveux. Comme j’ai une blessure au psoas qui limite mes distances à vélo, j’ai aussi trouvé un ostéopathe compétent lors de cette 1re visite.