Le semis intérieur possède l’avantage de pouvoir démarrer ses cultures hâtivement et donc de récolter plus vite et ainsi de produire plus, sur une plus longe période. C’est aussi une meilleure façon de contrôler les conditions de germination des graines et d’avoir un meilleur taux de succès.
Semis intérieur : opération culturale qui consiste à semer les graines dans un endroit où les conditions climatiques comme la température, l’humidité et la lumière sont contrôlées.
Le semis intérieur en multicellules
De toutes les techniques, je trouve que le semis en multicellules est la plus éprouvée et aussi la plus efficace. Ces plateaux sont des contenants en plastique divisés en cellules, et ces cellules peuvent avoir différentes dimensions dépendamment de ce que vos plantes ont besoin en termes d’espace, de nutriments, mais aussi du temps qu’elles doivent y rester. On appelle généralement les multicellules par le nombre de cellules qu’un plateau contient; plus le nombre est élevé, plus le volume de terreau contenu dans chaque cellule est petit (200, 128, 72, 50, 36, etc.) Vous pouvez trouver ces plateaux dans n’importe quelle pépinière ainsi que les commander sur des sites internet de fournisseurs de matériaux agricoles.
N.B. Partout où je suis allée, on a toujours préféré les plateaux multicellules carrés aux ronds, car la forme de ces derniers encourage plus l’entortillement en spirale des racines dans le contenant, ce qui n’est pas désiré.
Le terreau
Lorsqu’on fait son semis intérieur, il est important de bien connaître les besoins en nutriments de nos plantes afin de bien choisir le terreau dans lequel elles germeront. Si une plante est exigeante, alors son terreau devra être un peu plus riche. Pour ceux qui font des potagers urbains, c’est sans doute plus facile d’acquérir du terreau à semis commercial pour les plantes potagères (préférablement pour la culture biologique). Mais si vous vous sentez l’âme aventureuse, que vous disposez des moyens ou même que votre pépinière est en rupture de stock, l’autre option est de fabriquer son propre terreau. Cela a l’avantage qu’on peut faire nos propres proportions pour chaque ingrédient et avec la méthode du essai-erreur, on peaufine notre recette à la longue pour qu’elle convienne parfaitement à nos besoins. Pour les curieux, voici les proportions des 2 recettes de terreau du temps où j’étudiais à l’INAB. Elles fonctionnent à merveille.
Terreau pour les plantes non-exigeantes (1-3-2-1)
1 part de compost
3 parts de mousse de tourbe
2 parts de vermiculite
1 part de terre noire
Terreau pour les plantes exigeantes (2-3-2-1)
2 parts de compost
3 parts de mousse de tourbe
2 parts de vermiculite
1 part de terre noire
Une fois mélangé, il est important d’humidifier le terreau jusqu’à ce que, lorsqu’on en serre une poignée dans notre main, on puisse voir à peine une goutte d’eau tomber. Il faut l’entreposer dans des contenants étanches pour éviter qu’il sèche, se détériore ou se fasse contaminer.
Comment semer
Rien de plus simple! Prenez un plateau multicellules ou tout autre contenant de votre choix, préférablement avec des trous au fond pour bien laisser l’eau s’égoutter. (Vous le mettrez ensuite dans un autre plateau ayant un fond étanche, qui va généralement de paire quand on les achète à la pépinière.) Ensuite, vous le remplissez de terreau, puis vous le laissez retomber sur une surface plane 2 fois, pour permettre au terreau de bien se tasser. Vous en rajoutez pour combler ce qui manque et voilà. Il est important de bien suivre les indications sur le sachet de graines ou, si vous utilisez l’application de Tisane et Jardin pour faire votre potager, cette information vous sera déjà fournie pour savoir à quelle profondeur il faut semer, mais la règle générale c’est qu’il faut enfoncer la graine à une profondeur de 3 fois son épaisseur. (Attention, certaines graines doivent simplement être déposées à la surface, car elles ont besoin de lumière pour germer. C’est le cas de la laitue et du céleri, entre autres.)
Quand semer ?
Le temps passé en multicellules
Afin de déterminer la date de semis intérieur de chaque espèce, il faut connaître certaines de leurs caractéristiques ainsi que quelques paramètres extérieurs. Tout d’abord, chaque plante possède un temps de germination différent : c’est le temps entre lequel on met la graine en terre et où la première pousse verte émerge de cette terre. Puis, il y a la vitesse de croissance. Certaines plantes, comme les concombres, poussent très rapidement, tandis que d’autres, comme les poivrons, prennent plus de temps. C’est pourquoi on ne les sème pas au même moment.
Le risque de gel
De plus, il faut aussi prendre en compte, selon la région où l’on habite, les dates des derniers risques de gel. Ces dates varient selon l’indice de rusticité d’une région, mais aussi des micro-climats qu’il peut y avoir. Au Québec, il y a près de 4 semaines de décalage entre Montréal et Chicoutimi. (Montréal peut donc débuter le semis intérieur un mois plus tôt !) Dernièrement, si vous voulez avoir certains légumes durant toute la saison, il est possible de faire des semis consécutifs, c’est-à-dire de semer à l’intérieur à un intervalle de temps régulier pour que les récoltes et les transplantations soient coordonnées pour ne jamais en manquer.
Comment s’organiser ?
C’est ici que l’application de Tisane et Jardin vient à notre rescousse ! En effet, il existe plusieurs méthodes pour s’organiser et planifier notre calendrier de production et de tâches, par exemple, avec des tableaux Excel. Mais cela requiert beaucoup de patience et d’acharnement… et ici, je parle d’expérience ! Alors voici ce que cette application vous propose : vous définissez les espèces que vous voulez semer ainsi que la date du dernier risque de gel de votre région et le tour est joué ! Tisane et Jardin organisera toutes les tâches de semis intérieur dans votre calendrier de tâches de sorte que vous n’oublierez plus rien.
Pour ceux habitant au Québec, voici une carte de fin de gel exacte 8 fois sur 10 : carte derniers gels
Ou
Les dates par grandes villes selon le jardinier paresseux : dates derniers gels
L’irrigation
C’est un paramètre primordial pour bien réussir ses semis intérieurs. Il est important d’arroser ses plateaux d’une façon homogène pour s’assurer que les graines reçoivent les mêmes conditions. Cela évite de créer des débalancements dans la germination et la croissance. Donc, lorsque vous avez semé vos graines, il vous faut irriguer, soit avec un arrosoir ou avec un boyau ayant une pomme d’arrosage. Je ne conseille pas d’arroser à même le robinet ou le boyau sans pomme, car la puissance du jet risque de déplacer le terreau et les graines.
Ergonomie
- Je vous suggère plutôt de mettre vos plateaux sur une table ou au sol et de vous pratiquer avant à arroser. Trouvez une vitesse que vous pourrez garder constante et ce, en faisant de grands mouvements allant d’un bout à l’autre de la surface occupée par les plateaux. Assurez-vous bien de dépasser des côtés afin que les extrémités des plateaux reçoivent aussi la même quantité d’eau.
- Pour les graines nécessitant d’être déposées à la surface seulement, je recommande d’utiliser un vaporisateur pour éviter qu’elles se déplacent trop.
- Enfin, n’oubliez pas de regrouper vos plateaux par la taille de leurs cellules. Plus les cellules sont grosses, plus elles nécessitent d’eau.
Pour ce qui est de la quantité d’eau, elle varie dépendamment du stade des plantules.
L’irrigation étape par étape
- Lorsque vous venez de mettre les graines en terre, arrosez abondamment. Vous devez sentir une bonne différence de poids lorsque vous soulevez à nouveau votre plateau irrigué. Il est important par contre de bien laisser les plateaux s’égoutter pour ne pas qu’il y ait une accumulation d’eau au fond. On ne veut pas noyer les graines ni créer des conditions plus propices pour l’apparition de maladies fongiques.
- Jusqu’à la germination, il faut garder le terreau humide, mais il n’est pas nécessaire d’arroser chaque jour. Cela dépend de l’ensoleillement et de la température. Enfoncez régulièrement un doigt dedans pour avoir une meilleure idée de l’humidité ambiante.
- Une fois la germination amorcée, on peut tranquillement réduire la fréquence des arrosages. C’est important de ne pas donner trop d’eau aux plantules afin qu’elles ne deviennent pas paresseuses et qu’elles développent un système racinaire plus fort. Elles seront donc moins prises au dépourvu durant des périodes de sécheresse intense à l’été. Autre truc, si la journée est nuageuse, mieux vaut arroser légèrement, voire même ne pas le faire.
- La meilleure façon de savoir si les racines d’un plant sont en santé, c’est de sortir la motte de sa cellule (ne le faites pas au tout début, vous risquez de déraciner le plant tout simplement) afin de voir leur couleur. Des racines qui ne reçoivent pas trop d’eau et qui sont plus fortes seront très blanches. Si c’est le contraire, elles seront brunes.
Pour garder l’humidité durant la germination, on peut utiliser un dôme transparent (mini-serre).
Si vous n’avez que quelques cellules ou une seule plante en pot, vous pouvez récupérer le plastique de plusieurs bouteilles pour faire ce dôme.
La germination et l’éclaircissement
Une fois les plants germés, il se peut que vous ayez à éclaircir : autrement dit, à faire du ménage. Certaines plantes, comme les betteraves, produiront plusieurs plants pour une seule graine semée. Vous avez aussi peut-être semé plusieurs graines par trou pour s’assurer d’avoir un meilleur taux de germination. Si c’est le cas, attentez que les plantules aient formé leurs cotylédons ainsi que leur première vraie feuille avant de choisir celles que vous arracherez, histoire de garder celles qui semblent les plus vigoureuses.
Cotylédon : C’est la première feuille qui naît sur l’axe de l’embryon d’une plante à graine ; c’est une réserve nutritive avant que les vraies feuilles apparaissent et permettent la photosynthèse.
Étiolement: Une plante s’étiole si elle manque de lumière. Pour compenser ce manque, elle pousse en hauteur. Sa tige est donc anormalement longue, décolorée et frêle. Pour éviter ce phénomène, il suffit simplement de placer vos plateaux dans un endroit ensoleillé dès le départ.
Repiquage: Opération culturale qui consiste à transplanter les plantules dans un contenant plus grand afin qu’elles aient un espace suffisant pour leur croissance.
Le repiquage
Certaines plantes, comme les tomates, nécessitent d’être repiquées, c’est-à-dire qu’on transplante les plantules dans un contenant plus grand afin qu’elles aient un espace suffisant pour leur croissance. C’est une étape importante, assez facile, mais qui requiert de la délicatesse. Les plantules sont fragiles et si leurs racines sont endommagées, elles subiront plus probablement un stress. Pour bien réussir, il faut pincer le bas de la cellule pour bien faire décoller la motte et ensuite manipuler le plant par la tige. En général, vous saurez que c’est le bon temps pour repiquer si, lorsque la motte est extraite, les racines occupent assez d’espace pour qu’elle se tienne bien.
L’acclimatation
C’est une étape clef si on veut éviter que les plants subissent de trop gros stress avant la transplantation au jardin. Elle dure aux alentours d’une à deux semaines. Cela consiste à sortir les plateaux à l’extérieur durant le jour afin qu’ils s’habituent aux conditions plus rudes et à les rentrer la nuit pour les premiers jours. (Attention ! Durant les tous premiers jours, ne les sortir que quelques heures seulement, car le choc des différents éléments : vent, soleil, pluie, etc. pourrait leur être fatal si exposés trop longtemps.) Vers la fin, on peut les laisser dehors en tout temps, assurez-vous simplement qu’il n’y ait pas de risques de gel.
Si l’on veut endurcir nos plantules plus tôt, il y a la possibilité d’utiliser des ventilateurs dès lors que les cotylédons sont apparus pour recréer l’effet asséchant du vent dehors. Cela les rendra plus robustes et plus résistantes à la longue.
Lecture supplémentaire
Tisane et Jardin a déjà fait un article qui traite de ce sujet si vous ne trouvez pas l’information dans celui-ci. Il se penche entre autres sur comment évaluer ses besoins pour la planification d’un jardin, comment magasiner ses semences intelligemment et réduire ses coûts, les avantages des semis versus des plants achetés, etc.
Article Pénurie de semis
merci ma chère pour tous ces astuces. Honnêtement, ça donne le goût de développer son pouce vert