Bonjour à tous, je suis très heureux de vous retrouver pour ce 4e épisode de ma chronique sur le potager en bacs: c’est le moment des transplantations en bacs!
Après l’article de la semaine dernière sur les semis directs, consacrons-nous donc aujourd’hui aux transplantations. Et d’après le calendrier de l’application, nous avons du boulot !
Transplanter les tomates, aubergines, poivrons, courgettes, concombres
La transplantation de ces espèces au jardin sonne pour moi comme le début de la saison. Ici, autour de la Méditerranée, j’aime à faire ça le 1er mai, le jour de la fête du Travail en France… Tout un symbole: à ne pas travailler, autant s’occuper de soi et du jardin en même temps et donc en profiter pour transplanter… Il reste néanmoins encore chez moi 15 jours de risque de gel, mais selon les statistiques ce risque est de plus en plus faible avec le réchauffement climatique. Je ne suis pas vraiment sûr que ce soit une bonne nouvelle !
Tout d’abord, vérifiez vos emplacements, et répartissez vos plants. Un dernier coup d’œil dans tisane et jardin pour vérifier le nombre de plants, les positions des variétés et les associations de proximité… et hop, c’est parti.
D’abord, techniquement, comment fait-on ?
On ouvre le frigo
On commence par creuser un trou d’une quinzaine de centimètres de profondeur.
On y dépose à manger
Comme nous sommes dans le cas de plantes gourmandes, rajoutons au fond du trou une poignée de compost, que je mélange à la terre. Puis j’attrape mon plant. S’il est en motte, je le positionne au fond du trou, s’il est en godet, je commence par le démouler.
Une fois le plant bien positionné, je referme avec la terre, sans trop tasser.
Pour plus de précisions, consultez cet article complet sur toutes les étapes détaillées de la transplantation, en bacs ou en plein champ.
Un doute, un oubli sur les besoins de vos plantes ? Tisane et jardin vous les rappelle au moment où vous en avez besoin.
Au moment de faire la transplantation en bacs, vous voyez dans l’onglet Tâches/Transplantation de votre plante la date limite optimale, le nombre de plants, les instructions spécifiques à la transplantation de votre plante ainsi que l’espacement recommandé. De plus, un menu Informations de culture vous rappellera tous les besoins : ensoleillement, pH, besoins en eau et en compost de votre plante.
Cliquez sur les images pour les agrandir
Après, je creuse une cuvette profonde de quelques centimètres et de 30cm de diamètre autour du plant pour retenir l’eau d’arrosage.
On referme la porte
Puis je rajoute le paillage. Celui-ci est du broyat de chanvre, mais on pourrait utiliser aussi les restes de pelouse, les feuilles ramassées, la paille, la fibre de coco. Le principe ici, notamment pour la tomate, c’est de garder le pied au frais pour limiter les stress hydriques. Mais attention, retenez que le pied au frais ne veut pas dire les pieds dans l’eau!
Finalement ça va, ce n’était pas si compliqué
Le bac Yanis est un peu différent : aubergines greffées, épinards, poivrons, et à nouveau aubergines, cette fois non greffées (on dit “franches”) pour que l’on puisse comparer et voir s’il y a des différences ! De plus, comme je trouvais qu’il restait un peu d’espace, j’ai ajouté quelques salades autour des aubergines. Celles-ci auront le temps d’être récoltées avant que l’aubergine ne soit assez grande pour avoir besoin de l’espace. Une façon d’optimiser les cm2 !
Sitôt les plants en terre, il est l’heure d’arroser. La technique que j’utilise consiste à arroser comme il faut, au moins 2 litres par pied, et puis ne plus toucher jusqu’à ce que les plants vous disent qu’ils ont à nouveau soif en plombant du feuillage. Ce n’est pas par sadisme… mais pour forcer les plants à plonger leurs racines à la recherche de l’eau, plutôt que d’attendre sans effort en surface qu’on leur amène à boire. Ils n’en seront par la suite que plus résistants. Et les graines que vous récupérerez au fil des générations… s’adapteront de mieux en mieux à ces conditions.
Première pulvérisation et régularité d’arrosage
48 heures après la transplantation en bacs, je mets généralement en place la pulvérisation d’entretien. C’est une pulvérisation foliaire d’un mélange de ma composition que j’appelle ma “soupe bonne santé”.
Concernant l’arrosage d’entretien, c’est une question d’habitude. Bien qu’il existe des tensiomètres pour mesurer l’humidité du sol, ce sont des appareils assez chers, et peu de personnes sont équipées. Ce qui est bien dommage à mon humble avis. Car la première erreur dans le potager débutant, c’est l’excès d’eau.
Retenez qu’un plant qui a soif vous préviendra en plombant du feuillage. Mais bien qu’un stress hydrique puisse être embêtant pour certaines récoltes, on peut en revenir. Par contre, un plant ne reviendra jamais d’une noyade, c’est-à-dire une saturation d’eau.
Il vaut mieux également un arrosage régulier, tous les 3 à 4 jours, en quantité suffisante pour que l’eau pénètre bien le sol et descende suffisamment profond, qu’arroser tous les jours de façon superficielle.
Permettez-moi de vous présenter les variétés que j’ai sélectionnées:
Les tomates:
J’ai la place pour 16 plants de tomates. Et comme j’aime bien les planter par 2 (et là quand je vous dis ça, je ne trouve aucune raison valable de planter par 2 plutôt que par 1 ou par 8; chacun fait bien comme il veut), ça me fait donc 8 variétés différentes. Comme je compte récupérer des graines à la fin de la saison, je vais choisir des variétés non hybrides.
Mais alors c’est quoi une variété hybride ?
Une variété hybride est créée par le croisement de deux parents sélectionnés pour leurs caractéristiques particulières telles que le goût, la forme, la couleur, le rendement, etc. Ces parents sont choisis parmi deux lignées pures ayant un génome homogène. Après le croisement, on obtient la première génération, appelée « F1 ». Si l’on sème des graines issues de plantes F1, on obtiendra des descendants différents des parents.
Quelle est la différence entre une variété hybride et une variété « classique » dite fixée ?
Les variétés dites ‘classiques’ sont stables au fil des générations. Et sont reproductibles.
Pour les semenciers, les variétés hybrides sont très lucratives. Car elles ne requièrent pas de long travail de stabilisation, ce qui signifie beaucoup d’économies. De plus, ils sont assurés de vendre autant de graines chaque année puisque les graines F1 ne peuvent pas être ressemées.
Le jardinier amateur et les agriculteurs deviennent ainsi dépendants des semenciers.
Cette situation de dépendance est inquiétante et les enjeux économiques sont colossaux.
Reproduire des graines est une liberté qui n’a pas de prix, car cela permet l’autonomie et le maintien de la diversité. Cela permet aussi d’adapter, au fil des générations, ses propres variétés, adaptées à ses conditions pédoclimatiques (de sol et de climat).
Mes variétés non F1:
Tomates Rose de Berne: la tomate Rose de Berne est une variété ancienne originaire de Suisse à la remarquable chair rose sucrée et parfumée. Très appréciée des amateurs, elle figure parmi les variétés proposant une saveur des plus raffinées. Les plants produisent des fruits de taille plutôt moyenne – 150 à 250 g – ronds, à l’épiderme très fin. La Rose de Berne supportant les climats frais et humides s’avère idéale dans les régions aux étés courts ou en altitude.#ref:226#
Tomate Noire de Crimée: la tomate Noire de Crimée est une variété à la peau et à la chair sombres. Ses gros fruits – 250 à 500 g – se reconnaissent grâce à leur épiderme brun-rouge à vert foncé presque noir. Appréciée pour sa saveur très douce, elle ne présente absolument aucune acidité.#ref:226#
Tomate Cœur de bœuf: la tomate Cuor di Bue ou Cœur de Boeuf est une variété ancienne de mi-saison, produisant de gros fruits rouges en forme de cœur, de 230g environ. Sa chair est dense, sucrée et extrêmement savoureuse.#ref:226#
Pourquoi les tomates ont des poils ?
Les poils présents sur les plants de tomates sont appelés trichomes. Ce sont des glandes qui sécrètent des huiles essentielles responsables du parfum caractéristique des tomates. Ces substances parfumées ont pour but de repousser certains parasites et se retrouvent sur vos doigts lorsque vous taillez les plants.
Les trichomes et leurs huiles essentielles jouent un rôle important dans la protection des plants de tomates. Ils forment une barrière qui prévient les infections bactériennes, fongiques et virales. De plus, ils piègent l’eau et réduisent l’évaporation, contribuant ainsi à la régulation de l’humidité autour des plants.
Tomate ananas: la tomate ananas est une variété tardive, produisant de très grosses tomates charnues (240 à 400 g), dont la peau et la chair sont jaunes et rouges. C’est une variété à croissance indéterminée, dont les fruits présentent peu de graines et ont une chair dense, juteuse et très sucrée.#ref:226#
Tomate Marmande: la tomate Marmande est une variété célèbre et réputée. Issue de sélections successives de Pierre Gautriaud, horticulteur à Marmande (village du Lot-et-Garonne), elle produit de beaux fruits d’un rouge profond, côtelés aux épaules et légèrement aplatis au sommet. Moyens à gros (100 à 300g), ils sont très appréciés pour leur saveur, leur arôme et leur texture.#ref:226#
Tomate Saint-Pierre: la tomate Saint-Pierre est une variété ancienne cultivée depuis la fin du XIXe siècle. Elle est demi-tardive et productive. Elle donne de beaux fruits rouges, groupés par 4 à 5, de taille moyenne de 100 à 120 g. Ceux-ci sont ronds et fermes, résistants à l’éclatement, de saveur légèrement acidulée.#ref:226#
Tomate Golden Königin: la Golden Königin ou Reine d’or est une variété ancienne d’origine allemande aux fruits sphériques jaune d’or de type cocktail (5 à 7 cm de diamètre). Ils se présentent sous forme de grappes de 4 à 7 fruits. La saveur est plutôt sucrée, douce et sans acidité.#ref:226#
Et j’ai quand même sélectionné une tomate F1:
Tomate Cauralina F1: la tomate Cauralina F1, de type Cœur de bœuf, créée par Gautier semences à Eyragues (un des derniers créateurs français) est une variété qui produit de façon régulière, tout au long de la saison, des fruits en forme de cœur pesant chacun 160 à 200 g, de couleur rouge corail vif à maturité, dont le calibre et la forme sont homogènes. Leur chair est dense, d’excellente qualité gustative.
Concernant les tomates cerises, j’ai choisi une variété F1:
Tomate cerise Apéro: au nom évocateur (que c’est beau le marketing!). Plante vigoureuse à croissance indéterminée. Fruit de type allongé, avec un léger collet vert s’estompant à maturité et d’excellente qualité gustative. Poids moyen de 18 à 20 grammes.
Et une variété fixée:
Tomate cerise Délice du jardinier: cette tomate cerise a le plus gros rendement qu’il m’ait été donné de voir. C’est une variété précoce et vigoureuse qui produit de belles grappes de fruits sans discontinuer jusqu’aux premières gelées. Également appelée Merveille du jardinier, elle a de petits fruits pesant de 20 à 30 g, à chair ferme, regorgeant d’un jus sucré et acidulé.
Les aubergines:
De la même famille que la tomate: les solanacées, l’aubergine est cultivée tout autour de ma mer Méditerranée. C’est une incontournable de nos légumes d’été… et elle le sait ! De nature quelque peu capricieuse, elle aime la proximité, mais sans contact, pas trop près. Elle aime aussi la chaleur et s’épanouit à partir de 21°C.
C’est aussi une plante qui suscite, à chaque fois qu’elle est prévue à planter, un débat épineux chez les jardiniers de par chez moi:
Alors madame, cette année les aubergines, greffées ou non greffées ?
C’est la question que vous pose la vendeuse de la jardinerie, que vous avez sollicitée pour vous aider à choisir… Et qui vous met la rage, parce qu’au lieu de vous aider, ça vous met juste en difficulté… et en plus il faut surveiller les enfants: “non, les chéris, arrêtez, attendez, je parle avec la dame, non, soyez sages 2 secondes, j’arrive…”
Bon, respirons un grand coup.
D’abord, préférez acheter vos plants chez un pépiniériste, ou chez un maraîcher.
Qu’est-ce que ça veut dire: greffée ou non greffée ?
Lorsque l’on parle d’une variété greffée, c’est que l’on a associé (par une opération mécanique de greffage) une variété choisie à un système racinaire plus adapté que celui d’origine. C’est un peu comme monter un nouveau pot et de nouveaux pneus sur sa mobylette pour en améliorer les performances !
Les plants greffés bénéficient des atouts du porte-greffe, ils sont donc normalement plus résistants aux maladies cryptogamiques du sol et aux parasites, et se révèlent plus vigoureux face aux aléas climatiques. La précocité de la production est un atout supplémentaire, sans oublier le rendement conséquent… ça fait rêver. Mais c’est quand même au moins 5 fois plus cher ! Et les défenseurs des “pieds-francs” (non greffés), soutenus par des cuisiniers, avancent l’argument que cette productivité serait au détriment des qualités nutritives ainsi que gustatives.
En l’absence de réponse tranchée, je vous engage à essayer chez vous, pour voir s’il y a des différences.
C’est donc ce que j’ai fait aussi. En plantant d’un côté du bac une aubergine greffée, et de l’autre, 2 aubergines non greffées. Toutes les 3 sont de la même variété : la variété “Shakira “ une aubergine ronde et noire. Nous verrons au fur et à mesure quelles seront les différences – la première notable est la taille du plant : l’une est une géante à côté des 2 autres.
Les poivrons:
Le poivron apprécie le soleil. Mes bacs seront peut-être un peu trop à l’ombre pour lui… mais difficile d’en être sûr avant d’avoir testé.
Poivron Corno di toro: le poivron Corno di Toro Rosso est une variété qui offre, sur des plants de 60 cm de haut, de jolis fruits rouges, allongés, d’environ 20 cm de long. Précoce, il fait partie des premiers à arriver à maturité.
Poivron carré d’Asti rouge: aussi appelé quadrato d’Asti, il s’agit d’une variété italienne, assez précoce, qui produit de nombreux gros fruits carrés (8 à 10 cm de côté) à peau rouge. Leur chair est épaisse, douce et sucrée.#ref:226#
Les courgettes:
La courgette (Cucurbita pepo) est en fait une jeune courge récoltée avant maturité. Avec la tomate, l’aubergine, le poivron et l’oignon, c’est le 5e légume de la fameuse ratatouille.
Comme là ce sont des graines de l’année dernière, qui m’ont été données, j’avoue que je suis malheureusement incapable de vous indiquer le nom de la variété.
Ce n’est que depuis le 11 juin 2020
suite à la mobilisation des associations et collectifs défendant la biodiversité, que les semences de variétés anciennes non inscrites au catalogue officiel sont autorisées à la vente en France, mais seulement à destination des jardiniers amateurs.
Les concombres:
Le concombre (Cucumis sativus) est originaire d’Asie tropicale. C’est l’un des légumes les plus cultivés dans le monde.
J’ai choisi 2 variétés:
Le concombre Noa: un concombre de petite taille, reconnaissable par sa peau épineuse.
Le concombre arménien: un de mes secrets à moi. En fait de concombre, il s’agit plutôt d’un melon déguisé en concombre. Mais quand on l’a essayé, on ne peut plus le quitter.
En attendant les fruits, les voilà tout juste transplantés:
Comment faire si le froid revient juste après les transplantations en bacs ?
Les jardiniers le savent, il faut toujours se méfier du gel au printemps. Au Québec, c’est monnaie courante et en France, il est d’usage d’attendre les Saints de glace – les 11, 12 et 13 mai – pour relâcher sa vigilance. Mais quels sont les bons réflexes pour protéger ses plantes ?
- Appliquer un paillage à l’aide d’écorces, de paillis de lin ou de chanvre, ou même de feuilles mortes ou de paille. Ou même de cartons ou de sacs en papier
- Utiliser un voile d’hivernage pour protéger du vent et du froid, en l’entourant autour du tronc et des branches de vos arbustes. À défaut de voile d’hivernage, un grand sac en papier pourra faire l’affaire le temps d’une nuit
- Surélever les pots de vos végétaux et les entourer avec un matériau chaud
Mais la meilleure méthode reste sans aucun doute la patience, et de ne pas céder à l’excitation des premières plantations. Autrement dit : transplanter au bon moment. De mon expérience, souvent, il vaut mieux attendre quelques jours, qui seront vite rattrapés après par une bonne croissance.
C’est maintenant la fin de cet article sur les transplantations des végétaux dans les bacs. J’espère qu’il vous aura été intéressant.
Maintenant que toutes nos plantes sont en place au jardin, il va falloir les soigner et bien s’en occuper.
C’est ce que je vous propose de voir dans ma 5e et prochaine chronique d’un potager en bacs.
Merci pour votre lecture,
À bientôt.
Crédits photo: Y.Allaya