Le séchage de plantes médicinales est la forme de conservation traditionnelle la plus courante. Il y a séchage et séchage: avez-vous déjà comparé la différence d’odeur entre la camomille séchée par votre herboriste et celle du sachet de tisane du commerce? Avec cette fiche transformation vous aurez toute l’information et les astuces pour réaliser des produits bien supérieurs à ceux du commerce, en peu d’efforts et avec des outils simples.
Pourquoi faire le séchage de plantes médicinales
Économique, le séchage permet de conserver la majorité des propriétés médicinales d’une plante sur une période d’environ 1 an. Comme chaque partie de la plante a ses cycles, elles n’ont un maximum de principes actifs qu’à un moment de l’année; faire sécher ses plantes c’est avoir accès au meilleur de votre jardin à longueur d’année.
Les plantes sont constituées principalement d’eau (généralement entre 65 et 85%). Or, l’eau étant source de vie, tant qu’il y en aura autant, les micro-organismes s’y développeront et la plante ne se conservera pas.
Astuces pour sélectionner et préparer les plantes à sécher
Réduire l’eau dans les plantes à préparer pour le séchage
Réduire le découpage ralentit la dégradation de la plante séchée (par oxydation)
Méthodes de séchage des plantes médicinales
Par suspension (méthode traditionnelle):
Cette méthode est particulièrement adaptée aux petites plantes où l’on cueille les feuilles et fleurs sur tige et dont les feuilles sont de petite taille, par exemple: avoine, thym, achillée millefeuille, romarin, sarriette… Pour cette méthode gardez la tige, les feuilles et la fleur ensemble.
- Sélectionnez et assurez-vous de la propreté de la plante (voir Sélectionner et préparer les plantes pour le séchage);
- Prenez quelques tiges entières et faites un bouquet;
- Enroulez de la corde ou du raphia autour du bouquet et gardez de la corde pour le fixer en hauteur;
- Pendez les feuilles par la tige (tête en bas) et pour la durée du séchage par suspension… si l’endroit est éclairé on peut mettre un sac de papier autour du bouquet.
Sur treillis ou plateaux horizontaux
- Assurez-vous que la plante est saine et propre;
- Coupez la partie médicinale à conserver:
- S’il s’agit d’une racine, coupez en lamelles (vidéo à venir);
- Si la plante entière est médicinale, séparez la fleur ou la sommité fleurie, les feuilles et la racine;
- Si la feuille a de grosses nervures, retirez-les (vidéo à venir) pour raccourcir le temps de séchage;
- Disposez les parties à sécher sur le plateau pour éviter que celles-ci se touchent:
- on place les fleurs à l’envers pour que le poids de la fleur maintienne les pétales ouverts;
- Activez la ventilation (attention: la ventilation devrait souffler l’air chaud vers le haut; si vous avez une ventilation horizontale, prévoyez des déflecteurs pour éviter que les plantes séchées ne se déplacent partout dans le séchoir.
Température de séchage : 30°C
En général, pour un séchoir avec plusieurs types de plantes on règle à 30°C, si on a peur d’avoir un temps de séchage trop long à cette température on va généralement augmenter la ventilation plutôt que la chaleur… Cette température est surtout critique pour les plantes qui ont beaucoup de principes actifs volatiles (reconnaissables à leur bouquet odorant) comme les huiles essentielles.
Évitez de faire sécher les plantes médicinales au four avec la porte entrouverte. Le four est trop chaud et favorise l’évaporation des composés volatils. Si vous avez une plante aromatique préférez (à défaut des suggestions présentées) étendre simplement sur du papier et laisser dans un endroit aéré et sec.
Pour votre bien …
Les plantes provenant de milieux sauvagex doivent être séchées à 40°C
C’est une exception importante! S’il est possible que ces plantes aient été souillées par une déjection de renard, coyote, loup ou chien domestique, dans ce cas pour éviter tout risque de transmission de l’échinococcose, faites sécher votre cueillette à 40°C. C’est extrêmement rare mais comme les conséquences sont importantes, mieux vaut ne pas prendre de chances.
Astuces
Optimisez vos séchages
Optimisez la conservation
Le séchage augmente la conservation des principes actifs dans les plantes. Cela dit, il suffit de comparer une plante fraîchement séchée à une autre dont le séchage remonte à quelques années pour voir que le procédé ne fait que ralentir le processus de dégradation… Au fil des mois la plante perdra son éclat (tanins), son odeur et son goût (huiles essentielles). Elle sera de plus en plus fade et de moins en moins riche en principes actifs.
Cela dit il y a quelques astuces pour optimiser la conservation pendant l’entreposage:
Toujours observer et sentir une plante avant de la consommer. Une bonne odeur et des morceaux craquants indiquent la qualité de la plante.
Les bons outils pour le séchage de plantes médicinales
Séchoir du commerce
Un déshydrateur avec le vent chaud poussé vers le haut
La plupart des modèles permettent d’ajouter des plateaux (pour permettre d’agrandir votre capacité plus tard).
Ils peuvent également être utilisés comme source de chaleur sous votre étagère à filet ou votre dispositif à plateaux horizontaux.
Si vous choisissez cette option vérifiez :
- Que le thermomètre est réglable à basse température (30°C);
- Que la capacité vous convient;
- La facilité de nettoyage des plateaux: souvent ils ne vont pas au lave-vaiselle et sont fragiles.
Un déshydrateur avec le vent à l’horizontale
Ces modèles offrent souvent plus de contrôle sur la température de séchage (notamment les basses températures). On peut omettre des plateaux pour augmenter l’espacement entre eux, ce qui peut être pratique si vous faites sécher de grosses fleurs tête vers le bas.
Avec ces modèles il faut prendre l’habitude de fermer la ventilation avant d’ouvrir le panneau.
Fabriquer son séchoir:
On veut des filets horizontaux, bien aérés autour de 30°C, disposés en colonne dans un endroit sec à l’abri de la lumière. Pour créer ces conditions il suffit d’espace à l’abri de la lumière, d’un ventilateur, d’une petite source de chaleur. Les séchoirs les plus sophistiqués ont également un déshumidificateur, des senseurs de température reliés à la source de chaleur, mais ils ne sont pas nécessaires.
Les images montrent un séchoir d’herboriste et des plateaux horizontaux pour produire un grand volume de plantes séchées… si vous avez la place et que vous êtes bricoleur… c’est parfait. Instruction pour fabriquer son déhydrateur.
Alternativement, une étagère en filet (voir photo), dans un endroit sec, chaud et bien ventillé, à l’abris du soleil (un grenier, une pièce à l’étage…) peut fonctionner avec un moindre investissement de temps et d’espace.
Au besoin on ajoute la ventilation, un déshumidificateur ou une petite source de chaleur (par exemple un déshydrateur du commerce)
Contenant pour entreposer les plantes séchées
Dans un monde idéal on range ses plantes dans des bocaux non-toxiques, hermétiques, opaques et ré-utilisables.
Souvent ces solutions prennent beaucoup de place et sont dispendieuses.
Personnellement je place mes plantes dans des sacs de plastique à fermeture hermétique que je garde dans des caisses de carton, classés par ordre alphabétique, et je réutilise les sacs aussi longtemps qu’ils sont hermétiques.
Crédit photo
Crédit photo de la page titre:Jerzy Durczak
Photo Séchage de plantes – entreposage tradditionel : Bob
Explications sur le séchage au four (par convection)
Bonjour Siaka, Merci pour ta question!
Vous avez raison, je n’en parle pas dans mon article.
Je n’aime pas la technique au four, la température est trop élevée, on dégrade la valeur nutritive et les arômes des plantes ainsi déhydratées.
Je limiterais la méthode au four pour les légumes qui ont beaucoup d’eau (comme la tomate)
Il faut utiliser la plus basse température possible et avec ventilation pour que les vapeurs d’eau quittent le four.
Il faut surveiller attentivement les aliments pour éviter qu’ils ne cuisent.
Il faut éviter l’usage du four pour faire sécher les plantes aromatiques(toute partie qui a beaucoup d’odeur).
Les composés aromatiques sont (en général) puissants pour l’aspect thérapeutique, mais aussi pour la saveur qu’ils apportent lorsqu’on les mange.
En fait, ce sont souvent ce qu’on isole et qu’on concentre dans les huiles essentielles, or on extrait ces composés en les chauffant, car ils s’évaporent à faible température.
Bref, si vous voulez faire sécher une plante qui a beaucoup d’odeur, mieux vaut utiliser l’air ambiant.
En fait, sécher à l’air est généralement préférable et plus facile à réussir que la technique au four.
Le principal inconvénient de l’air est que cela prend plus de temps.
Donc voici quelques astuces pour accélérer le séchage à l’air libre:
– trancher plus finement la plante (par exemple les racines)
– retirer les nervures épaisses des feuilles
– utiliser un ventilateur ou un déshumidificateur (plus l’air est sec plus le séchage sera rapide)
– faire sécher au grenier (idéalement une pièce autour de 30 degrés Celsius).